Goodbye, Dragon Inn de Tsai Ming Liang

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Tsaï Ming-Liang excellant dans son art…
L’île de Beauté bercée par la nouvelle vague des années 80 (Hou Hsiao-Hsien, Edward Yang…) a drainé de ses remous Tsai Ming Liang, artiste conceptuel apparu dans le années 90, emprunt à la pureté et la simplicité, travaillé par les sentiments urbains refusant de céder à la lente disparition du cinéma Taiwanais. En effet, les habitants de l’île ignorant leurs films nationaux (0,3% des entrées en 2003) au profit des productions hollywoodiennes, désertent les cinémas arts et essais, comme celui, protagoniste du Goodbye Dragon Inn qui aujourd’hui même… n’est plus. Œuvre contemporaine, le 6e film de Tsai Ming Liang (Les Rebelles du Dieu Néon, La Rivière, Vive l’Amour, The Hole, Et là-bas quelle heure est-il ?) immortalise par plusieurs couches sur la pellicule telles une mise en abîme, l’ultime projection d’un film culte Hongkongais de King Hu Dragon Inn (1966) vaguement suivie par un projectionniste, une ouvreuse éclopée, un touriste japonais…des personnages fantomatiques qui habitent les plans de leurs absences, accablés de mutisme, d’incommunicabilité, de désirs et de nostalgie. La singularité de la mise en scène faite de longs plans contemplatifs accentuée par la lente déambulation des personnages flirte avec l’ironie et la cocasserie des circonstances (voir la scène des toilettes ou la longue ascension des escaliers par l’ouvreuse). Les premiers plans nous placent habilement en spectateur du film de King Hu, puis de celui de Tsaï, notre présence enrichissant le film d’une dimension supplémentaire. Certains quitteront la salle, comme j’ai été forcé de le constater, d’autres feront cet effort d’ouverture, que nécessitent ses films, à ce qu’il nous est donné de voir comme à sa temporalité (souvenez vous ce plan de 5 mn sur Yang Kuei-Mei pleurant dans Vive l’Amour). L’eau, composante essentielle (liée à la vie) des films de Tsaï se déverse, se boit, fuit, se verse et se coupe quand le cinéma ferme ses portes mais ne s’arrête jamais de couler telle une métaphore de ce à quoi il rend hommage et que nous aimons tant… Le Cinéma.

Acteurs : Lee Kang-Sheng, Chen Shiang-Chyi, Kiyonobu Mitamura, Miao Tien

Éditeur :

Pays : Taiwan

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