Fleurs et les vagues [Les] (Hana to Doto) de Seijun Suzuki

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Années 30, un yakuza en fuite réfugié dans une communauté ouvrière… Si le point de départ le rapproche indéniablement de La vie d’un tatoué (voir critique sur ce site) les ressemblances s’arrêtent là. Véritable film noir incarné par la gueule charismatique d’Akira Kobayashi (à la ressemblance frappante avec Tatsuya Nakadai) qui joue ici un ex-yakuza ni sans peur ni sans reproche, à la virilité exacerbée, tiraillé entre son souci d’honnêteté et de justice et entre son désir de rester en dehors des ennuis. On sait que tout cela est utopique, surtout après avoir enlevé la future épouse de son ex-boss lors d’une scène d’ouverture magnifique tout en ombres chinoises sur un lever de soleil pourpre aux éclats jaunes. A leurs trousses, une sorte de Zorro sans masque, inquiétant et oppressant, véritable terminator sans âme ni conscience, offrant ses services à la communauté ouvrière rivale.

On retrouve dans Les fleurs et les vagues la critique froide de Suzuki. Tandis que les ouvriers luttent et s’entretuent pour l’obtention d’un chantier, les patrons, qui sont aussi les fomenteurs de ces rixes violentes à la Gangs of New York, se tiennent à l’écart de ces luttes des classes intestines, sans aucune compassion pour leurs ouvriers qui ne sont que de la matière sacrifiable tant qu’ils leur apportent les bénéfices attendus. Et à ce jeu personne ne gagne. Les masques tombent et les plus salauds ne sont pas ceux que l’on attendait. S’il fallait trouver un point noir à ce film, ce serait sans nul doute le personnage d’Oshige, trop frêle et larmoyante quand on connaît la force et le caractère que Suzuki sait influer à ses personnages féminins, mais elle n’abîme en rien l’intensité de ce film cinglant à la force accusatrice.

Acteurs : Akira Kobayashi, Naoko Kubo, Chieko Matsubara

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Pays : Japon

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