Festival Annecy 2024 – Rencontre avec Busifan pour “L’Orage” (The Storm)

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Le mardi 11 juin a eu lieu une rencontre presse sur l’animation chinoise avec Busifan, réalisateur de « The Storm » (l’Orage) et He Xiaofeng, créateur et réalisateur de la série Scissor Seven diffusé sur Netflix.

Ils étaient accompagnés par Frédéric Puech, fondateur de Something Big et distributeur international de L’ORAGE, et Aiken Zou Shasha, PDG de AHA, producteur de Scissor Seven et co-distributeur de L’ORAGE.

 

Avant de faire mon interview directement avec le réalisateur, nous avons eu un échange et voici une partie de ce qui a été dit :

 

  • S’il s’agit bien de la première fois qu’il vient en France, Busifan a déjà présenté une œuvre au festival d’Annecy, en l’occurrence un court-métrage.

 

  • Son film L’ORAGE parle avant tout de 2 choses : la relation père-fils et celle entre l’Homme et la Nature. Pour cette dernière, ce qu’il met en scène vient en partie de ses souvenirs d’enfance. En effet, né dans une région montagneuse, il se promenait souvent dans la nature. Il a connu l’action de la « modernité », avec la destruction et l’aménagement des montagnes. Or un jour, il y a eu un très fort orage qui a causé de gros dégâts à cause justement des travaux qui avaient été effectués.

 

  • Le scénario de L’ORAGE se rapporte à la mythologie chinoise. Busifan s’en inspire en y mélangeant un fond social, dans un style qui se rapprocherait de ce que ferait une troupe de théâtre (d’ailleurs une est présente dans le film). Ainsi il est facile pour les spectateurs chinois de voir et comprendre toutes les références présentes, tout en ne perdant pas les néophytes.

 

  • Sur la question « peut-il expliquer la différence entre animation chinoise et animation japonaise ? », il avoue ne pas connaitre la réponse. D’ailleurs selon lui, il vaudrait mieux demander : « qu’est-ce que l’animation chinoise ? ». Si au départ, celle-ci avait son propre style, avec les influences étrangères et des titres plus commerciaux, la tradition a disparu. Aujourd’hui l’animation chinoise (re)cherche sa propre identité. La principale différence avec l’animation japonaise n’est donc pas la technique mais le contenu, basé en partie sur sa propre culture.

 

  • D’ailleurs l’animation chinoise, comme pour « l’anime » au Japon, a son propre mot pour la désigner : donghua, de dong (mouvement) et hua (image).

 

  • Les jeunes réalisateurs chinois, ayant vu beaucoup d’œuvres étrangères, sont très influencés par celles-ci. Cependant de plus en plus, ils adaptent ce qu’ils voient pour améliorer leur propre travail et transmettre la culture chinoise. Les donghua sont aujourd’hui un mélange entre l’art traditionnel et les techniques modernes. Il faudra cependant encore du temps pour avoir la bonne méthode pour traduire les concepts et arriver à la bonne manière de les transmettre.

 

  • Concernant le « jeu de l’ombre » apparaissant dans son film, Busifan dit avoir réfléchi à beaucoup de jeux classiques des enfants et a retenu celui-ci. Il peut sembler un peu bizarre, troublant mais pour le réalisateur il est gentil et sert à renforcer les liens. Comme il est impossible de bloquer quelqu’un en marchant sur son ombre, c’est une question de confiance et de foi en l’autre. C’est ce qui motive le jeune Bun lorsqu’il joue à cela avec son père.

 

Vient maintenant mon interview avec le réalisateur :

 

  • Bonjour. D’où vient votre surnom de Busifan ?
  • Ce nom vient du bouddhisme zen et signifie « ne pas penser au temps présent », du point de vue spirituel et non matériel. Je n’ai pas choisi directement ce surnom. Un jour, en m’enregistrant sur internet, ce mot est apparu ; comme j’avais à l’époque une coupe de moine, je l’ai gardé.

 

  • Pourquoi êtes-vous venu dans l’animation ?
  • Faite sur mon temps libre, ma première réalisation, en flash, m’a ouvert des portes. En continuant avec cette technique, j’ai eu de plus en plus d’audience. J’ai donc continué à faire de l’animation.

 

  • Avez-vous toujours été indépendant ?
  • Ce n’était pas un choix dès le début, je le suis devenu au bout d’un moment.

 

  • Après la sortie de votre 1er long métrage « Dahufa », vous avez été qualifié de réalisateur de la « violence ». Est-ce vraiment le cas ?
  • J’étais en colère lors de la création du film, ce qui a transpiré dans sa réalisation. Le récit en avait besoin donc ce n’était pas déplacé. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, je suis bien plus apaisé.

 

  • La création de L’ORAGE a-t-elle été plus simple que celle de Dahufa ?
  • Elle a été en fait plus difficile. Pour Dahufa, une fois le script terminé, la réalisation a assez bien coulé. Pour L’ORAGE, cela a été bien plus difficile car je suis perfectionniste. Le problème ne venait pas de l’aspect technique mais de mes propres choix, car je n’étais jamais totalement satisfait.

 

  • Comment s’est déroulé la réalisation du film ?
  • Il est assez dur de trouver un studio disponible. J’ai dû recruter ma propre équipe, qui comprenait de nombreux jeunes sans expérience. Il a donc été nécessaire de les former à mon style, de faire des formations de dessin. Nous avons ainsi eu un staff plus expérimenté qui, a son tour, a pu former de nouvelles recrues.

 

  • Avez-vous une équipe permanente avec vous ?
  • Il est difficile de maintenir une équipe de production en continu. Le noyau principal est toujours avec moi mais c’est tout pour le moment. Cela sera peut-être possible dans le futur.

 

  • Quelle a été la taille de votre équipe pour L’ORAGE ?
  • Il y avait environ 30 personnes pour la production de L’ORAGE. C’est une nette progression par rapport à Dahufa que nous avions commencé à 3 et fini à 6.

 

  • Est-ce que cela a été compliqué de rassembler le budget de votre film, étant donné que vous êtes indépendant ?

Dahufa a ouvert des portes, cela a été beaucoup plus facile de réunir les fonds nécessaires.

 

  • Merci à vous

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