Femme Coreenne [Une] (A Good lawyer’s wife) de Im Sang-soo

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Premier film distribué en France mais troisième film de Im Sang-soo (avant l’acclamé The President’s last bang), Une femme coréenne provoqua le scandale en ses contrées, en dépeignant une famille loin des modèles de bienséance, une famille de la bourgeoisie coréenne qui bien que maintenant les apparences, est rongée par les tensions et le non-dit. Alors que Young-jak le mari s’abandonne dans une liaison adultère, l’épouse Ho-Jung (superbe Moon Soo-ri dans un rôle à l’opposé de sa prestation dans l’ Oasis de Lee Chang-dong ) retrouve goût à la vie en s’éprenant d’un adolescent de son voisinage.

De la société coréenne, Im Sang-Soo montre également une masculinité confuse, loin de l’image renvoyée par la récente production cinématographique locale, Kim Ki-duk en tête. Face à des hommes impuissants, malades, ou rendus fous par la pauvreté, comme égarés au lendemain d’une guerre civile meurtrière évoquée très brièvement dans le film, les femmes semblent tournées vers l’avenir, portées par un élan libertaire et conjointement érotisé qui leur donne une présence au monde et à l’instant qui échappe à leurs époux et amants. Sobres, évitant toute sensiblerie pour évoquer des faits allant de l’anecdote au drame, les scènes se succèdent et constatent l’évidence : la femme coréenne est seule présente au monde, et balayant les normes et les codes sociaux moribonds, c’est elle qui initie, réconforte et libère un homme frileux et névrosé. Im Sang-soo joue l’ambivalence, refuse le jeu de la tragédie, parle d’espoir avec retenue, comme un secret.
Film subtil et envoûtant, au rythme mélancolique brisé par d’impitoyables pics de violence, Une femme coréenne est un plaidoyer féministe généreux et la révélation d’un grand cinéaste de plus en Corée du sud.

Éditeur : ARTE Video

Pays : Corée du Sud

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