Attention film long. Non content de s’offrir de nombreux plans séquences contemplatifs de plusieurs minutes, le film dépasse de beaucoup la barre critique des trois heures. Il faut l’avouer, avec son rythme lent et sa durée un brin exagérée Eureka est un film qui se regarde difficilement d’un seul coup. Pourtant ce ne sont pas les qualités qui manquent à ce métrage tourné en sépia qui conte l’histoire d’un homme et de deux enfants, tous trois uniques rescapés d’un massacre dans un bus. L’homme c’est Yakusho Koji qui, bien que semblant abonné au rôle d’être refoulé s’excusant de vivre, apporte sa sensibilité personnelle à ce film singulier, entre comédie et drame, louchant parfois du côté du thriller et du fantastique. La justification du rythme comme de la durée de ce film tient principalement aux deux enfants qui depuis le drame vivent totalement reclus, plongés dans le silence.
Ce mal-être retenu et non exprimé est distillé petit à petit, et plus le temps passe, plus les silences sont nombreux, et plus l’on partage cette détresse muette que les personnages ne parviennent pas à exprimer. L’essence du film repose sur cette expérience d’un mal inconnu jusqu’ici et indescriptible, que nulle fuite ne permet d’adoucir mais dont seule l’expression peut apporter la rédemption. Eureka s’adresse donc à ceux que les expériences étranges et incongrues attirent et qui savent prendre leur mal en patience, avec la promesse d’une délivrance à la clé.
Acteurs : Koji Yakusho, Aoi Miyazaki, Masaru Miyazaki
Éditeur :
Pays : Japon