Enquêtes vagabondes – Le voyage illustré d’Emile Guimet en Asie paraît chez Gallimard.

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Quand arrivent Emile Guimet et Félix Régamey, en 1876 au Japon, la restauration Meiji vient d’avoir lieu (1868) et c’est la débandade dans les temples bouddhistes car l’empereur restaure le shinto, la religion indigène nipponne. A cette occasion, sont mises en vente de nombreuses sculptures des temples abandonnés, ce qui permet à ces deux découvreurs de l’Orient d’en acquérir un bon nombre. Elle deviendra et demeure la collection la plus importante au monde d’art bouddhique. Emile Guimet, un grand industriel lyonnais, est, en effet, un fervent collaborateur de la découverte de l’Asie faisant partie lui-même, du fameux cercle orientaliste de Paris initié par Ernest Renan. Mandaté par l’Etat français, il charge Régamey de la partie iconographique du voyage : celui-ci réalisera des centaines de dessins, gravures, peintures pendant et après le périple qui dure dix mois. Lui se concentre sur l’aspect religieux des pays visités pour asseoir son idée de relater l’histoire des religions, puis de créer un musée et enfin un institut des langues orientales. Seul ce dernier ne verra pas le jour. Après le Japon, ils se rendent en Chine, mais le pays qui est en pleine guerre ne les satisfait pas. Ils partent vite à Ceylan où ils étudient les temples hindous et bouddhistes, ainsi qu’en Inde rapportant quelques pièces notables.

Dès 1877-78, Guimet fait construire un musée à Lyon pour installer les collections rapportées du fameux voyage. Mais suite à des différends avec la mairie, il délocalise le musée à Paris en y faisant construire le même bâtiment en 1889. Il est l’actuel musée national des arts asiatiques – Guimet : le MNAAG ; le musée lyonnais ayant servi durant des années de Museum, ses collections sont parties à l’actuel musée des Confluences.

Le livre, qui est aussi le catalogue de l’exposition éponyme actuellement au MNAAG, marque le centenaire de la morts d’Emile Guimet. Il s’articule autour des œuvres réalisées par Régamey et les somptueuses collections que Guimet a rapportées du voyage. On apprécie l’aspect ethnographique des études faites sur place par Régamey puis réaliste des peintures réalisées à Paris sur commande de Guimet, qui rendent bien la sensualité, l’atmosphère et les textures des lieux et des gens visités. La genèse de la construction des musées, une importante collection de photographies d’époque de ce qui y est exposé et enfin la bibliothèque sise dans la rotonde toujours accessible au MNAAG sont aussi mises en avant dans l’ouvrage. Il retranscrit bien l’œuvre magistrale d’un curieux d’une autre époque !

Camille DOUZELET

Enquêtes vagabondes – Le voyage illustré d’Emile Guimet en Asie, Gallimard, 2017, 220 x 285 mm, relié, 256 pages, 180 illustrations, 30 novembre 2017, 39€.

CATALOGUE D’EXPOSITION, musée national des arts asiatiques-Guimet (MNAAG), Paris, du 6 décembre 2017 au 12 mars 2018.

 

 

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