Enfer d’Ethan [L’] / Butterfly de Quentin Lee / Yan Yan Mak

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Deux films traitant de l’homosexualité ce mois-ci dans la collection Cinegay de l’éditeur Antiprod. Dans L’Enfer d’Ethan de Quentin Lee, le personnage principal, Ethan Mao, est un jeune garçon dont la vie de famille est brisée après que sa belle-mère découvre une revue porno gay sous son lit. Se sentant rejeté, il fugue et survit dans la rue en se prostituant. Rencontrant son ange gardien en la personne de Remgio, un autre prostitué vendeur de drogue, ils reviennent tous deux au domicile familial afin qu’Ethan récupère quelques unes de ses affaires, une expédition qui va tourner à la prise d’otages et confronter un Ethan névrosé à sa famille crispée.

Du côté de l’homosexualité féminine, Butterfly est un film plus ambitieux, mêlant les époques sur une durée de deux heures. Nous y suivons la chrysalide du papillon Flavia, jeune femme rangée à la vie confortable, qui va remettre en cause tout son mode de vie après avoir rencontré la jeune Yip. C’est le début d’une relation timide entre les deux femmes, qui rappelle à Flavia une aventure qu’elle avait eue dans sa jeunesse avec son amie Jin.

Si la réalisation de Quentin Lee se montre très souple, toujours en mouvement, et d’une sensibilité exacerbée qui peut rappeler les moments les plus fleur bleue des “trasheries” d’un Greg Araki (The Doom Generation), le projet reste assez bancal. Le jeu des acteurs est un peu trop amateur, et le scénario manque cruellement de dynamisme et d’implication. Louvoyant entre la peinture sociale et le film de genre, le résultat reste trop sage, et aucune tension ne soutient les scènes supposées nerveuses confrontant Ethan et sa famille. Les personnages sont peu crédibles, tous les rôles masculins jouissant d’une seconde chance, dévoilant une bonté angélique, alors que la belle-mère est affublée de tous les maux. Le film se conclut sur un consensus assez consternant, mais annoncé par la quasi-totale absence d’enjeux des scènes précédentes… Quentin Lee sait manier la caméra, mais son scénario dessert le sujet abordé…

Bercé par la musique envoûtante des islandais de Mùm (groupe naviguant dans les mêmes sphères qu’un Sigur Ros), le film suit donc les doutes et les prises de position de Flavia, et navigue entre sa relation naissante avec Yip et sa relation passée avec Jin, pendant les émeutes étudiantes des années 80 à Hong Kong en faveur des Droits de l’Homme. Le réalisateur Yan Yan Mak évite la caricature, et si le besoin de liberté de Flavia est réel, son environnement familial n’est pas présenté comme une force oppressante. Au contraire, son mari aimant et compréhensif sera la première victime innocente des choix de Flavia.
Un peu trop centré sur son personnage principal, le film ouvre son champ d’interprétation par le parallèle appuyé entre le besoin de liberté de Flavia et celui des jeunes hongkongais des années 80. Butterfly traite sans complaisance de liberté, d’engagement, de renoncement et de choix difficiles. Une petite réussite qui aurait cependant peut-être gagné à un peu plus de concision.

Éditeur : Antiprod

Pays : Hong-Kong

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