Dodes’Kaden est un cas à part dans la foisonnante filmographie du génial Kurosawa. Son précédent, Barberousse, qu’il avait voulu l’œuvre de sa vie, s’avère un échec retentissant. Fragilisé par sa réputation de dépassement de budget et de son caractère irascible, les portes des studios japonais se ferment à la seule évocation de son nom. Dodes’Kaden, nouvelle adaptation d’après l’ouvrage du romancier Yamamoto Shugoro, Une villa sans saisons et après celles de Sanjuro et Barberousse s’avéra un nouveau et coûteux échec.
Kurosawa déborde d’inventivité pour donner corps et âme aux personnages d’un bidonville tokyoïte. Huit courtes histoires s’entremêlent en un savant entrelacs de destins croisés à l’instar de l’américain Short Cuts. Premier film en couleur, le réalisateur utilise à merveille ce support, rendant hommage à la fois au théâtre et à ses peintres favoris ; mais il s’agit avant tout de la représentation du dur sens de la réalité et de la foisonnante imagination humaine qui permet de s’en échapper, et de se penser chauffeur de train ou architecte de son propre palais. Ce qui n’aura pas permis à Kurosawa d’échapper à ses propres démons en tentant de se suicider quelques mois plus tard…
Éditeur : Wild side Video
Pays : Japon