Coffret Hideo Gosha de Hideo Gosha

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Pour son premier métrage, Trois Samouraïs hors-la-loi, Hideo Gosha surfe sur la vague du chambara (film de sabre) contestataire. Alors que les films historiques servaient essentiellement à des récits de courageux samouraïs, la tendance s’inverse au cours des années 60. Des réalisateurs dépeignent les difficiles conditions de vie et les forts clivages sociaux régnant entre seigneurs, samouraïs et le reste du peuple. Ainsi, le rapt de la fille de l’administrateur est la dernière solution de pauvres paysans. La figure des rônins répond à la vague massive de samouraïs “licenciés” au cours du XIXe siècle en pleine paix. Ayant servi leurs seigneurs, ils sont particulièrement sensibles aux malheurs du “petit peuple”, luttant eux-mêmes pour leur survie. D’une surprenante et audacieuse maîtrise visuelle, le réalisateur aborde de sérieuses issues sociopolitiques sous couvert d’un film de divertissement et d’exploitation. Passionnant !

Un homme sort de prison après avoir accidentellement tué des personnes en voiture. N’ayant plus rien à perdre, il accepte la proposition d’un codétenu de tuer trois anciens complices d’un hold-up pour partager le butin entre eux deux. A sa surprise, des hommes le précèdent dans l’exécution du contrat. Connu pour être un fin réalisateur de chambaras, Hideo Gosha s’essaye pour la première fois au genre du yakuza eiga (polar noir) et transforme son coup d’essai en coup de maître. Dans un magnifique noir et blanc, il rend à merveille le parcours (finalement initiatique) du personnage principal oppressant et poisseux à souhait. Les dialogues finement ciselés rendent entière justice au scénario regorgeant de surprenantes révélations et de nombreux rebondissements. Et au polar noir de révéler un magnifique portrait humaniste. Le Sang du Damné est l’un des meilleurs films de Gosha.

Avant sa retraite définitive, le légendaire bandit Kumokiri Nizaemon cherche à dépouiller le château de son ancien clan. Il ne se doute pas qu’un piège machiavélique va se refermer sur lui.
“Bandits contre samouraïs” sonne comme le chant du cygne dédié à un genre révolu à la fin des années 70 au Japon. Le cinéma entre en crise, le chambara ne déplace plus les foules. Le genre de prédilection du réalisateur se meurt. Tel son personnage principal, Gosha semble donc préparer un dernier coup d’éclat – à la différence que le cinéaste est loin de faire ses adieux ! En près de trois heures, il recycle tous les thèmes lui ayant assuré sa renommée et brille par sa mise en scène survoltée toujours aussi inventive. Le film n’est pourtant pas “l’aboutissement” espéré, souffrant notamment d’un script mal écrit ; en vue d’une éventuelle série, les scénaristes développent des trop nombreux personnages et intrigues secondaires rendant l’action principale trop confuse en un simple volet… Les fans du genre ou du réalisateur y trouveront certainement leur compte ; les néophytes risquent d’être davantage rebutés par ces aventures survoltées du légendaire bandit.

Trois condamnés à mort voient s’offrir une seconde chance en rejoignant l’organisation ninja, “Les exécuteurs de l’ombre”. Le prix à payer : accepter toute mission assignée et se faire trancher les cordes vocales. Au cours d’une mission, l’un des trois hommes est confronté à sa fille, maîtresse d’un homme à abattre.

Sur papier, l’histoire de Death Shadows présente quelque intérêt, d’autant que les films de ninjas (réussis) sont plutôt rares ; malheureusement Gosha signe là l’une de ses pires réalisations. Souffrant d’une intrigue infantile, la mise en scène compile les pires tares des années 80, à commencer par un esthétisme de toute laideur. Après la mort prématurée du personnage principal, l’histoire se focalise sur l’hilarant affrontement entre une méchante (danseuse de disco) et une héroïne cabotine (championne du lancer de bâtonnet)… Incluant quelques moments d’une ringardise mémorable, l’ensemble est finalement trop longuet. Le titre dispensable du coffret.

TROIS SAMOURAIS HORS-LA-LOI (1964, 95’)
LE SANG DU DAMNE (1966, 87’)
BANDITS CONTRE SAMOURAIS (1978, 163’)
DEATH SHADOWS (1986, 115’)

HK Vidéo prend le pari osé de sortir un second coffret d’un réalisateur injustement méconnu du cinéma japonais : Hideo Gosha. L’occasion rêvée de révéler un vrai talent oublié des spécialistes occidentaux, même si l’absence de bonus fait regretter de ne pas en apprendre davantage sur le réalisateur et ses films.

Éditeur : HK Video

Pays : Hong-Kong

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