Coast Guard [The] de Kim Ki-Duk

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Au pays du matin calme, où depuis plus d’un siècle le 38e parallèle scinde littéralement la péninsule, le caporal Kang revêt sa tenue de camouflage. Cet enfant d’une politique autoritaire (acceptée par tous au nom de la rivalité avec le Nord), du mouvement Saemaul des années 70 prônant le “réarmement moral ” par l’initiative, l’entraide et le volontarisme… Serait-il un être fanatique? Le voilà qui veille mieux que les 20 autres soldats à ce qu’aucun espion Nord Coréen n’atteigne le rivage. Obsédé par une menace relayée à l’histoire, sa ferveur atteint son paroxysme à l’instant même où il justifie son existence en tirant sans sommation sur un homme ivre copulant avec sa future femme (Mee-young).

Véritable Chaplin Coréen, Kim Ki-duk passe de l’orgasme au trépas avec une cruauté trop humaine. Sombre alors dans la marginalité cette veuve prématurée et ce caporal fraîchement galonné. La scène de décoration, sous les regards impuissants des familles retenues par un rideau de fer (l’écran), révèle par son ironie le plaidoyer antimilitariste, anti-autoritariste… d’une œuvre engagée sur la voie de la causalité. Asservi et avili par son péché, Kang entame alors une quête de rédemption mêlant folie et humanisme latent, remords aux complaisances masochistes pour enfin se libérer de sa paranoïa devenue contagieuse. (<> lance un soldat agressé en pleine nuit). Parallèlement, Mee-young se déshumanise sur les lieux du drame, créature fantasmatique, fleur fanée avant même d’avoir éclos, elle se laisse maintes fois cueillir sans scrupule, divulgue comme Kang les failles, pour finalement confirmer que la menace vient de l’intérieur… A fleur de peau, les images adaptent leurs cadences à la violence, se dilatent tandis qu’un archet lancine les cordes de l’angoisse que seule la voix humaine pourra réchauffer. Le film se clôture comme l’ascension de Kim Ki-duk dans Printemps, été, automne, hiver et printemps… atteignant la clairvoyance ; ici la caméra dévoile ce qu’on ne peut voir du sol, une représentation pacifiste et utopique d’un nouveau matin calme.

Acteurs : Jang Dong-Gun, Park Ji-Ah, Kum Yung-Hak

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Pays : Corée du Sud

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