Préparez-vous à rire pendant les 105 minutes du film Certificat de Mariage. La famille de la petite Xiao Wen vit paisiblement jusqu’au jour où le comité d’entreprise de sa mère (Xie Yuting) veut récompenser les employées qui sont mariées depuis plus de 18 ans. Pour recevoir cette récompense – une simple couverture, il suffit de présenter son certificat de mariage. Le cauchemar commence pour Xie. Elle part à la recherche du précieux document. Tandis que sa quête se transforme en obsession, voire en névrose, le désintérêt croissant de son mari (Gu Ming) à l’égard de la question augmente sa frustration. Le pire est que Gu Ming travaille dans un hôpital psychiatrique, où il y a non seulement des patients qui créent problème sur problème, mais également une charmante assistante, et un collègue célibataire spécialiste des mauvais conseils.
Xie Yuting, croyant que ce document est la seule preuve légale de leur union, force son mari à se rendre avec elle au Bureau des mariages et divorces pour demander un nouveau certificat. On commence par leur demander un certificat de divorce pour pouvoir se “remarier”, puis de retourner là où ils ont scellé leur union.
La relation dans le couple est tombée au plus bas. Pour retrouver l’harmonie familiale, Xiao Wen suit le conseil de son ami et se rend chez un fabricant de certificats en tous genres. Mais le faux certificat de mariage ne fait guère illusion auprès de sa mère. Durant les vingt dernières années, le gouvernement a changé plus de cinquante fois la forme du certificat de mariage, et celui d’aujourd’hui ne ressemble pas du tout à celui de ses parents.
Le couple a finalement décidé de divorcer, mais leur retour au Bureau des mariages et divorces leur apporte une nouvelle surprise : pour divorcer il faut prouver qu’ils sont mariés, et donc être en possession du fameux certificat de mariage.
Le chaos généré par ce papier semble être sans fin. On se demande comment la valeur symbolique d’un certificat peut prendre plus d’importance que sa représentation, le mariage.
Sans négliger le cocasse de certaines situations dans l’hôpital psychiatrique : on voit une jeune femme danser en costume militaire sur une table avec un couteau, jusqu’à ce qu’une infirmière la ramène à la réalité en lui faisant écouter une cassette du fameux air d’opéra le détachement féminin rouge. Ou ce patient qui sort de l’hôpital et rend visite à son psy. Après discussion avec la femme de ce dernier, il se met lui aussi à chercher son propre certificat de mariage de façon obsessionnelle, et est ramené à l’hôpital de toute urgence.
Ces scènes surréalistes sont filmées par une caméra qui tantôt navigue entre le journal intime de Xiao Wen et son regard espiègle, tantôt se focalise sur l’aventure du couple. Elle suit également en utilisant l’animation l’histoire contemporaine de la Chine. Même les années d’un passé difficile sont racontées de façon légère, avec humour, sagesse, intelligence, et une incroyable humanité : dans les relations mari/femme, parents/enfants, malades mentaux et gens dit normaux. Une fiction en fait plus réelle que la réalité.
Qi Han
(Paris, octobre 2007)
Huang Jianxin est né en 1954. Il travaille comme photographe avant de devenir rédacteur en chef du Script Département Film au Studio de Xi’an sous la direction du légendaire Wu Tianming. Attiré par la réalisation, il prend un an de cours à l’Académie du Film de Pékin en 1984 puis se lance dans la réalisation.
filmographie :
Gimme Kudos (2005)
The marriage certificate (2001)
Xian’s Finest (2000)
Something about secret (1999)
Surveillance (1997)
Signal left, turn right (1996)
Back to back, face to face (1994)
The wooden man’s bride (1994)
Stand straight, don’t bend over (1993)
Samsara (1988)
Dislocation (1986)
The Black cannon incident (1986)
VOIR aussi INTERVIEW de Huang Jianxin
Acteurs : Feng Gong, Lui Liping, Li Xiaomeng
Éditeur :
Pays : Chine