Inqualifiable ! Mumbai ou Bombay, ville où tous les adjectifs s’entremêlent jusqu’à la nausée : gigantesque, sordide, moderne, infernale, folle, pervertie perverse, … immorale. Bombay, ville de tous les excès où la loi du Milieu règne. Suketu Mehta passera des mois et des mois à sillonner cette énorme mégapole pour rencontrer, interviewer politiciens, policiers, malfrats, truands, criminels, sur les émeutes de 1992, les conflits inter religieux, la guerre des gangs, la mafia, la corruption. Ce véritable kaléidoscope des bas-fonds bombayites ne fut pas sans danger, et vous apprécierez ce “reportage” rigoureux car aucun milieu n’a été épargné. Même celui du cinéma, lui aussi… fruit de 1001 magouilles et compagnie. Tout le monde en prend pour son grade… même des acteurs très célèbres que j’idolâtre mais dont je tairais le nom. Les situations les plus ubuesques atteignent leur paroxysme à Bollywood, tout est démesure. Comment rendre vrai un personnage de bandit dans un film… il suffit de le recruter en prison selon son casier judiciaire. Ainsi on peut être criminel, acteur et invité à l’avant première de son film par de très hautes personnalités politiques. Autres milieux passés à la loupe : ceux du marché du sexe, du show-biz, des filières bar. Ici encore, Suketu nous livre la matière brute, fruit de ses rencontres, sans jugement ou analyse. L’émotion et l’humanité pointent dans ces derniers chapitres. Suketu Mehta a saisi cette ville tentaculaire et il y a mis une sacrée énergie ! Mais au final, Bombay se laisse-t-elle vraiment approcher, apprivoiser ? En refermant cet ouvrage, étourdie, ces mots me viennent à l’esprit : terriblement terrifiant et étrangement fascinant !
Ces 800 pages développent une immense photographie en trois dimensions de Bombay. “Bombay Maximum City”, regard sans complaisance de Suketu Mehta, écrivain indien expatrié aux Etats-Unis revenu dans sa ville natale, ressemble à une analyse socio-politique, à une enquête journalistique, voire à un récit autobiographique.
Éditeur :
Pays : Inde
