L’histoire se situe dans le Tokyo dévasté de l’après-guerre. L’armée américaine occupe les lieux et s’attire la haine de la population, livrée à la pauvreté et à la famine. Pour résister à cette désolation, un groupe d’une demi-douzaine de prostituées cherche à survivre en se jurant de ne jamais coucher avec l’occupant ni d’offrir leurs charmes gratuitement. Celle qui les trahit est aussitôt violemment punie et rejetée. Pourtant elles vont toutes s’enticher d’un homme qu’elles ont recueilli. Un japonais en fuite pour avoir poignardé un soldat américain et joué par l’inimitable Joe Shishido…
Adaptation d’un roman érotique populaire, ce film est bien plus qu’un simple roman-porno (nom donné aux films japonais des années 70 mêlant violence et érotisme). Il y a, forcément, de jolies japonaises, qui, attachées bras et jambes en croix dans leur plus belle nudité, sont fouettées sans ménagement. Mais ici, au-delà du simple fétichisme érotique, ces flagellations viennent servir la logique du film. Comment ? Pour ces femmes, l’amour est interdit et elles ne sont plus que des animaux dotés d’instinct de survie. Et lorsque l’une d’elles, amoureuse du personnage joué par Joe Shishido, s’offre à lui, la fureur de ses amies se déchaîne sur la belle désormais enchaînée, avant qu’elle ne soit exilée de leur microcosme. Seule, blessée, sans possession, dans un monde sans sécurité, il ne lui reste que son humanité, qu’elle vient de retrouver à travers ce rite de passage difficile et violent, et, qui ne peut être atteint qu’au prix de la souffrance et de l’arrachement à un quotidien de facilité et de certitude. Un grand thème donc, accompagné d’un anti-américanisme véhément. Et puis il y a la photo, magnifique, tout en ombre et lumière, mettant en valeur les corps de ces dames avec une discrétion toute japonaise. Autant au niveau de l’esthétisme érotique que de la provocation intelligente, ce film atteint des sommets dont on regrette de devoir redescendre.
Acteurs : Yumiko Nogawa , Joe Shishido
Éditeur :
Pays : Japon