Kurosawa voulait que Barberousse soit son chef-d’œuvre. Après une préparation sans précédent, il s’attela à un tournage épique de plus de deux ans. Le cinéaste n’en sortira pas indemne : son dépassement de budget va définitivement lui fermer toutes les portes des sociétés de production nipponnes ; d’autre part, une dispute mettra un terme à la fructueuse collaboration vieille de dix-sept ans avec son acteur fétiche Toshiro Mifune. Kurosawa voulut donner à son personnage principal une force tout en retenue, alors que la star insistait sur son habituelle interprétation extravertie, qui l’avait rendue célèbre.
Voilà certainement le talon d’Achille de cette épopée médicale dépeignant le dur apprentissage du métier d’un « docteur » nippon du début du XIXe siècle. Apprenti du respecté Barberousse, un jeune chien fougueux plein d’illusions est initié aux dures conditions de travail. Une schizophrène lui donnera finalement la force nécessaire pour s’occuper des milieux défavorisés des bas quartiers. Artiste engagé, il s’attaque, dans ce récit initiatique, aux différences sociales : Barberousse, ne soigne ses riches patients que pour financer sa clinique privée destinée aux pauvres. La reconstitution historique et la structure narrative en trois parties sont éblouissantes. Seuls sont à déplorer un académisme un peu surprenant de la part du réalisateur et sa méticulosité appuyée pour prétendre à la perfection !
Éditeur : Wild side Video
Pays : Japon