Dans un petit village perdu dans la montagne existe une tradition qui veut qu’à l’âge de 69 ans, les personnes âgées soient transportées sur le dos de leur propre fils jusqu’à la montagne Narayama pour y être abandonnées et ainsi supprimer une bouche à nourrir devenue improductive et inutile.
Face à ce terrible drame vers lequel le film avance inévitablement, Imamura choisit de concentrer son attention sur la rude vie quotidienne des villageois. La communion avec la nature n’a jamais été aussi bien décrite, mais bien loin de l’image utopique de l’homme vivant d’amour et d’eau fraîche en osmose avec le monde qui l’entoure, ici la nature est montrée telle qu’elle est : froide, violente, implacable, insensible… et les hommes qui la peuplent sont à son image, prêts à tout pour leur propre survie. La bestialité de cette communauté se retrouve également dans les nombreuses scènes de coït, rappelant que le désir sexuel résulte de pulsions animales difficilement contrôlables, quitte à se taper la chienne du voisin. La vie toute crue comme aime à la montrer Imamura, sans doute gênante voir choquante pour certains, mais certainement très réaliste et très proche de ce qu’elle devait être à cette époque en des lieux reculés. Personne n’est tout blanc, y compris Tatsuhei, le personnage principal, qui semble plus sensé que les autres mais qui n’hésite pas une seule seconde à tuer son prochain si cela est nécessaire à son propre bien-être.
Et ce n’est qu’une demi-heure avant la fin du film qu’est entreprise la longue marche funèbre, nous entraînant dans un monde des morts glaçant que l’on a envie de fuir le plus rapidement possible tant sa représentation est terrifiante. Mais tout comme pour Tatsuhei qui a accompli ce voyage, sa mère sur le dos, et qui en est revenu seul, il reste l’affreuse promesse d’y retourner encore une fois, pour un aller simple…
Acteurs : Sumiko Sakamoto, Ken Ogata, Takejo Aki
Éditeur :
Pays : Japon