A SILENT VOICE volume 1 de Yoshitoki OIMA

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Quasi leader de sa classe, Shoya est à 10 ans un sacré boute-en-train mais surtout il s’ennuie. Avec ses 2 amis, il se lance sans arrêt des tests de courage, comme sauter du haut d’un pont dans une rivière, au grand dam de sa mère. Il n’a pas non plus peur de prendre des coups et c’est cette attitude qui le rend cool. Un jour arrive une nouvelle élève dans sa classe. Si Shoko est mignonne, elle est surtout sourde et communique avec un cahier. Pour Shoya, c’est une révélation : il l’a trouve tellement différente qu’il se met à faire une fixation sur elle. D’abord curieux, il se met finalement à l’ennuyer puis à la harceler, de plus en plus violemment. Jusqu’au jour où…

Présenté comme un titre choc et inattendu, A Silent Voice ne trahit pas sa réputation. Le sujet principal, le handicap, est traité sans détour, sans faux semblant, mais est aussi, ce qui est original, vu de l’extérieur. Le récit est en effet focalisé sur Shoya et sa « relation » avec Shoko, alors que pour elle nous voyons qu’elle a du mal face aux réactions des autres mais nous ne savons pas ce qu’elle pense. Nous suivons donc le parcours du jeune homme, de son amusement face à la « différence » de sa camarade, à la compréhension de ses actes et son questionnement sur sa propre vie. La jeune mangaka Yoshitoki Oima ne cherche pas à faire dans la surenchère : elle essaye plutôt d’être très réaliste, le plus proche possible de ses personnages et de leurs sentiments. C’est le cas lors de la 1ère partie à l’école primaire. Ce que vit Shoko est semblable à de l’ijime (ou harcèlement morale et/ou physique d’un élève par ses camarades). Le comportement de Shoya est évidemment fort discutable mais il est plus lié à d’incompréhension qu’à de la méchanceté ; et cela rend celui de toute la classe encore plus hypocrite, de même que celle des professeurs, qui ne font rien alors qu’ils sont au courant, quand ils ne participent pas aux exactions. La force de ce manga est d’aborder, avant le handicap lui-même, la relation des autres face à lui. Et l’on se rend compte que le problème peut aussi venir de la famille, comme le cas de Shoko et de sa mère, cette dernière ne faisant apparemment rien pour aider réellement sa fille, tout du moins dans le bon sens. La justesse du propos touche aussi les personnages, notamment Shoya : d’abord amusant, puis détestable, il évolue au fil de ses réflexions, cherchant une hypothétique rédemption. Est-ce que nous voulons pour lui ? Sa rencontre avec Shoko des années après, qui apparait dans les premières pages de ce tome, avant qu’il ne revienne sur les évènements du primaire, est en tout cas pleine de promesses. Dur psychologiquement, A silent Voice est touchant, bouleversant et très juste. Pour un shônen, il aborde un sujet peu évident mais qui a vraiment marqué, vu ses résultats spectaculaires au Japon. Profitons de la chance de le voir débarquer en France.

Éditeur : Ki-oon shônen

Pays : Japon

Fabrice Docher

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