On ne compte plus les adaptations des œuvres de Liu Cixin, l’écrivain chinois de science-fiction le plus connu (1). Auréolée de nombreux prix littéraires, sa célèbre trilogie Le Problème à trois corps, rééditée récemment aux éditions Actes Sud, fait aussi l’objet d’une mini-série Netflix de 8 épisodes. Et voilà que son adaptation en bande dessinée se poursuit. C’est l’œuvre d’un studio d’illustrateurs chinois dirigé par XuDong Caï, sous l’étroite supervision de Liu Cixin himself et validée par un comité d’experts scientifiques, rien qu’ça ! Et pour la traduction française, le même que pour l’édition du roman.
Au début du tome 3 Soleils mortels, un virus se répand. Et il n’est pas sans nous rappeler celui du Covid 19. « Il aurait dû rester confiné dans un laboratoire ». Mais le but est toujours le même : « entacher la science et faire douter la population de sa nécessité ». Wang Miao veut comprendre ce qui se trame et retourne donc dans le jeu des 3 corps. Il y découvre Newton et son calcul infinitésimal, de même que Von Neumann, le père de l’informatique moderne. « Nous ferons des mathématiques comme on fait la guerre » dit-il et il va voir l’empereur Qin Shi Huang qui met son armée à sa disposition ! Le système d’exploitation « Qin.1 » naît pour pouvoir prédire le mouvement des 3 soleils.
Le jeu est tellement réaliste que Wang Miao a du mal à faire la différence avec sa propre vie. Excellent joueur, il est bientôt convié à une réunion avec ses pairs des 3 corps. Sous la houlette du commissaire Da Shi il intègre donc le groupe. Ce qu’il découvre bientôt est effrayant et dangereux pour toute l’humanité !
Le tome 4 Message vers les étoiles remonte le temps. C’est la « biographie officieuse » de Ye Wenjie. Elle raconte comment elle a atterri à la base de recherche militaire top secret Côte rouge et ce qui s’y est réellement passé. On plonge alors dans les affres de la Révolution culturelle où le livre Printemps silencieux de l’Américaine Rachel Carson passe pour un dangereux « ouvrage de propagande réactionnaire ».
Le dessin oscille entre réalisme dans le graphisme des personnages donnant accès à leurs émotions par exemple et flamboyance cosmique. Le tout exécuté avec une grande précision comme pour l’armée de Qin ou l’envoi des « micro ondes » de Côte rouge et leur renvoi. Les couleurs sont extrêmement importantes aussi, chaudes et intenses lorsqu’il est question des recherches sur les 3 soleils et des trisolariens, froides, d’un bleu profond à la base militaire sécrète.
L’intertextualité se dessine aussi avec humour comme sur cette vignette du tome 4 sur le rêve des humains « d’entrer en communication avec une civilisation extraterrestre » : au 1er plan 2 index qui se touchent et, en fond, la silhouette d’E.T…
Il faudra attendre le 5 mars prochain pour connaître le fin mot de l’histoire avec le tome 5 L’exode de Trisolaris.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire nos chroniques : https://asiexpo.fr/les-futurs-de-liu-cixin-adaptes-en-bande-dessinee-aux-editions-delcourt/ ; https://asiexpo.fr/l-ere-des-anges-de-sylvain-runberg-et-ma-yi-parait-aux-editions-delcourt/ ; https://asiexpo.fr/lattraction-de-la-foudre-de-thierry-robin-parait-aux-editions-delcourt/ et https://asiexpo.fr/le-calcul-du-papillon-de-dan-panosian-parait-aux-editions-delcourt/
Le problème à 3 corps 3. Soleils mortels et 4 Message vers les étoiles de Liu Cixin, traduit du chinois par Gwenaël Gaffric, 384 et 386 pages,25€ chacun, coll. Rayon Imaginaire, éd. Hachette Heroes.