Le Yi Jing est un des plus vieux textes chinois, écrit entre le VIIIème et le IIIème siècle avant notre ère. C’est une sorte de grammaire du Yin Yang qui est la bipolarité de base de la pensée chinoise. Il est consacré à la divination à ses débuts. Mais dès la prise de pouvoir des Zhou (-1046), il bascule vers le naturalisme, la cosmologie, la philosophie pour sonder l’état du monde. Pierre Faure en présente tout l’historique dans son introduction fortement argumentée et charpentée.
Consultant et écrivain, il vient de traduire le Yi Jing de façon moderne et respectueuse des sources, nous dit-il en substance. Il nous livre ainsi un outil contemporain qui peut aider à faire des choix personnels.
Historiquement, il s’agit d’« Un recueil d’enquêtes oraculaires qui a évolué en un livre assemblant des descriptions de réalités que des faits historiques avérés illustrent, auxquelles on a ajouté des conseils d’attitude ». Il est en effet le premier des cinq classiques de la pensée chinoise. Le Classique des Mutations s’articule autour de deux pôles clairement définis et complémentaires. Le premier assoit le contexte dans lequel s’insère tout individu en quête de soi. Le second fait émerger un choix d’orientations à méditer pour se réaliser. L’ouvrage constitue la somme des situations auxquelles les humains sont quotidiennement soumis, bien qu’elles soient parfois assez ésotériques pour en comprendre toute les nuances. En d’autres termes, on pourrait entendre sa finalité comme la description des états du monde et de leurs évolutions.
Grâce aux explications clairement énoncées des deux systèmes de tirage possibles (3 pièces ou 50 tiges de bambou) en fin d’ouvrage, le lecteur peut envisager le Yi Jing comme un outil concret de procédure divinatoire. Pour ce faire, les 64 Hexagrammes constituent le corps de l’ouvrage. L’auteur les commente un à un. Il n’hésite pas à s’engager et à prendre parti. Avant d’entreprendre toute action, l’investigateur de lui-même doit cerner au mieux la question à laquelle il cherche une réponse. Puis viennent ses six lancers de trois pièces par exemple. Une fois l’hexagramme constitué, il se reporte aux explications et commentaires de Pierre Faure. A lui, ensuite, de les interpréter selon la question posée.
De plus un Glossaire et un appareil de textes explicatifs en fin d’ouvrage apportent une aide précieuse à la compréhension de cette somme de savoir. La pratique personnelle fera le reste !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Yi Jing, le Classique des Mutations, présentation, traduction, commentaires de Pierre Faure, 704 p. 13 X 20 cm, 39€, éd. Belles Lettres / Compagnie du Livre Rouge.