Yasujiro Ozu est l’un des cinéastes nippons les plus importants du XXè siècle de par le nombre (54 films entre 1927 et 1962) de ses films mais aussi par leur qualité. Bien que découvert tardivement en France : c’est en 1978 que l’on découvre Voyage à Tokyo, ses films deviennent vite des classiques unanimement appréciés par toutes les générations. Cette rétrospective fait suite à celle de 2018, Carlotta poursuivant ses restaurations . Elle met en lumière les films en couleurs du cinéaste. Période de maturité donc de 1958 à 1962. Il faut dire qu’Ozu a pris son temps pour passer à la couleur. Non qu’il fût ennemi du progrès, il œuvrait en artisan ! La couleur lui permet d’ approfondir et d’enrichir sa vision si personnelle de la mise en scène. Dans son livre Ozu en couleurs publié aussi par Carlotta et offert aux spectateurs dans les salles de cinéma, Pascal-Alex Vincent résume bien cette évolution : « La couleur n’a pas révolutionné son cinéma, cinéma qu’il mit une vie à inventer, mais l’a tiré vers le haut. Le système patiemment élaboré pendant trente ans s’est totalement épanoui dans sa période couleurs. »
De Fleur d’équinoxe en 1958 à son ultime chef d’œuvre : Le goût du saké en 1962, il revisite aussi son propre travail avec 2 remakes : Herbes flottantes et Fin d’automne. Seul Dernier caprice est un véritable inédit en version restaurée.
D’un point de vue formel, on retrouve, dans ces 6 films, sa marque de fabrique : des plans fixes et une caméra à hauteur de tatami qui donne à sa mise en scène une grande épure et qui permet au spectateur de trouver sa place au cœur des situations montrées. On y retrouve aussi ses thèmes de prédilection : le quotidien avec ses joies et ses tracas, le temps qui passe avec les jours, les saisons ; les familles qui se disloquent avec leurs liens qui se distendent, la perte des traditions et l’occidentalisation du Japon.
Terminons encore par un extrait d’Ozu en couleurs, l’automne d’un cinéaste qui nous fait découvrir un autre aspect du cinéaste : « Avant d’être considéré comme un auteur par le public occidental, plusieurs décennies après sa mort, Ozu était avant tout un employé de studio parmi des centaines d’autres. Aujourd’hui il est traité comme un des piliers de l’histoire du cinéma, au Japon comme dans le reste du monde, et est l’un des réalisateurs classiques les plus commentés en librairie. Gageons que ce statut l’aurait fait sourire. Ozu aimait lire, il aimait aller au cinéma, il aimait la bonne cuisine, et surtout, il aimait faire la fête. Quelques mois avant sa mort, il danse le twist avec ses amis, nous apprennent ses carnets. Sa tombe, au pied du temple Engakuji à Kamakura, est décorée de bouteilles de saké laissées par les visiteurs. Plus que toutes les exégèses, c’est cet hommage joyeux, parions-le, qui le toucherait au cœur. »
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Yasujiro Ozu, rétrospective en 6 films en couleurs : • fleurs d’équinoxe 1958 • bonjour 1959 • herbes flottantes 1959 • fin d’automne 1960 • Dernier caprice 1961• le goût du saké 1962, dans leur version restaurée, en salle, le 19 août en versions restaurées 2K et 4K.
A Lyon aux cinéma lumière : http://www.cinemas-lumiere.com/programmation/
Ozu en couleurs, l’automne d’un cinéaste de Pascal-Alex Vincent aux éditions Carlotta.