Lycéen réservé aux tendances otaku, Rei Nanami admire son grand frère Ren, qui a pu rentrer dans un établissement prestigieux. Mais un jour, Ren se retrouve interné en psychiatrie, après avoir subi un traumatisme important. Rei l’entend murmurer le nom de « Wonder Rabbit Girl » au milieu d’une crise de folie, et décide de chercher ce qui a pu provoquer un tel bouleversement. Lui ressemblant comme deux gouttes d’eau, il modifie légèrement son look afin de se faire passer pour lui. Rei fait alors deux découvertes étranges : les filles scolarisées dans le lycée de Ren semblent toutes atteintes d’une forte déviance sexuelle ; et plus étonnant encore, Ren consignait dans une clé USB une base de données sur chacune d’entre elles… Mais laquelle serait la fameuse Wonder Rabbit Girl ?
Shônen de Yui Hirose, Wonder Rabbit Girl est publié depuis 2015 dans le Jump Square, aux côtés d’un certain To Love Darkness dont il semble très proche. En effet, après un début d’intrigue qui pourrait passer pour un Death Note du pauvre, tant dans le fond que dans la forme, Wonder Rabbit Girl tombe rapidement dans le shônen harem pur jus. S’il y a bien un mystère en fil rouge, la narration se tient avant tout sur une mécanique redondante : masqué sous l’identité de son frère aîné, Rei, peu doué avec les filles quelques jours plus tôt, rencontre successivement plusieurs demoiselles de l’établissement. Par le biais des données laissées par son frère, ou parfois par un simple hasard, il parvient à découvrir leurs fantasmes ou fétichisme. Dans ce premier volume, on croisera ainsi Ayaka, sexuellement excitée lorsqu’elle se fait sermonner, Shiraishi et son fétichisme médical, ou encore Koharu et ses penchants kleptomanes. Dès lors, Rei les revoit afin de les pousser à bout en titillant leur sensibilité, ce qui aboutira inéluctable à une séquence fantasmée par chaque demoiselle, tournant à l’acte sexuel plus ou moins détourné. Après les avoir vaincues psychologiquement (mais pas charnellement), Rei peut les faire passer aux aveux pour approfondir son enquête, et ainsi de suite…
Ainsi, l’histoire de Rei n’est finalement qu’un enrobage inutile, servant de prétexte à une succession de scènes érotiques, aussi vulgaires que ridicules. En jouant la carte de la perversité et des rapports sadomasochistes, sans une once de subtilité, Yui Hirose est aux portes d’un contenu autrement plus insupportable, entretenant la culture de la soumission et du viol. En outre, son trait de jeune auteur, encore imprécis, achève de rendre le contenu glauque et indigeste.
Si ses couvertures pourraient le faire passer pour un shôjo inoffensif, ne vous y trompez pas : Wonder Rabbit Girl cache un contenu aussi scabreux que pathétique, dont la finalité putassière est masquée sous une intrigue improbable et des graphismes peu encourageants. Ne vous laissez pas flatter par vos bas-instincts, même eux méritent mieux que ça !
Alain Broutta
WONDER RABBIT GIRL (—) volume 1 de Yui HIROSE (2015)
Érotique/Thriller, Japon, Delcourt-Tonkam Shônen, octobre 2017, 192 pages, livre broché 7,99€