Titli, une chronique indienne de Kanu Behl

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Titli (son prénom signifie « papillon ») est le benjamin d’une famille de 3 frères et de leur père. Sa mère est morte quand il avait 4 ans. La famille vit dans la banlieue pauvre de Delhi et s’en sort très mal avec les combines des frères ainés : 2 petits malfrats pas franchement intelligents, mais ultra violents qui font du carjacking une activité courante et sanglante. Titli n’a qu’un rêve, c’est de fuir cette condition misérable et ces combines. Il voit une issue dans l’achat d’un parking d’un centre commercial en construction, mais il lui faut trouver 300 000 roupies ! De fausses manœuvres en compromis – il est obligé de se marier à une riche dot en la personne de la jeune Neelu qui, elle, est amoureuse de son cousin qui lui-même a dû se marier pour être riche ! Contre toute attente, Neelu devient une alliée dans la réalisation de son rêve puisque le sien s’appelle « Prince ». Les jeunes épousés deviennent donc associés… Malheureusement, ils vont finalement déchanter quant à leur fameux « rêve » respectif, même s’ils parviennent à leurs fins grâce à une détermination sans faille qui les rend chacun plus fort.

Dans ce premier film indépendant indien, qui n’était pas passé inaperçu dans la sélection « Un certain regard » il y a tout juste un an au Festival de Cannes, Kanu Behl se montre très ambitieux dans sa critique de la société indienne engluée dans ses traditions et corrompue à tous les étages. La jeune génération est bien en peine de s’y retrouver entre ces règles archaïques et un capitalisme tout neuf qui ne demande qu’à s’épanouir. Et il a les moyens de son ambition, car si c’est son premier film en tant que réalisateur, il a déjà une bonne expérience d’assistant-réalisateur et cela se sent dans la maîtrise de l’intrigue qui mêle le réalisme social au polar sombre. Ses personnages sont eux aussi très travaillés, même ceux qui restent dans l’ombre comme le père toujours au fond du cadre, mais qui manipule ses fils comme des pions.

Bien loin de Bollywood, Kanu Behl filme la banlieue laide, la corruption et les compromissions. Ses personnages sont loin d’être « bons », mais ils vont jusqu’au bout, c’est ce qui crée leur profondeur, mais aussi la tension du récit. On a hâte de voir le prochain !

Acteurs : Shashank Arora, Shivani Raghuvanshi, Ranvir Shorey, Amit Sial, Lalit Behl

Pays : Inde

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