Un jour, une partie des animaux est devenue plus intelligente et s’est mise à marcher sur ses pattes arrière. Ces nouvelles créatures, les thérianthropes, restent cachées, à l’écart du regard des hommes, mais devant leurs soifs de connaissance, ils ont bâti des écoles. En l’honneur du puissant sorcier qu’il les a fait naitre, ils ont créé l’école Wizdoms où toutes les « espèces » apprennent la magie. C’est ainsi qu’anciennes proies et prédateurs, comme par exemple chèvre et loup, se côtoient sans problème. Et parfois ils font plus que vivre ensemble : ils sont ensemble, balayant la notion d’espèces et même de genre…
Dans la lignée de son précédent titre, « mon Patron est une Copine », Nagabe remet en scène des couples homosexuels. Le contexte change radicalement, vu que nous passons d’un lieu et d’une époque très réalistes, à Harry Potter. Difficile en effet de ne pas faire le parallèle en Poudlard et Wizdoms, tant dans leurs caractéristiques que dans leur fonction. Par contre, l’auteur a écouté ses lecteurs, qui lui reprochaient le comportement trop humain de ses personnages dans « mon Patron… ». Ici les thérianthropes sont ainsi plus fidèles à leur espèce, déjà au niveau de la taille : le loup mord, le paon exhibe sa magnifique queue, les chauves-souris vampires s’échangent de la nourriture par la bouche, etc.
Autre différence par rapport au précédent titre, nous suivons ici un nouveau couple à chaque chapitre, le type d’amour changeant également à chaque fois. Inavoué pour la plupart, avec l’amoureux restant dans l’ombre ou cherchant à « forcer la chance ». Incompris, contre nature, entre frères sans s’en rendre compte, caché… ce qu’ils ont tous en commun est leur force. Le respect des proportions des animaux renforce l’aspect très comédie de l’ensemble, avec aussi les situations variées et des caractères très différents. La magie, bien que présente, est très peu mise en avant, presque anecdotique, mais cela ne nuit pas à l’ensemble des petites histoires. Celles-ci, chacune à son rythme, vont assez rapidement droit au but, que les sentiments sont avoués ou non, réciproques ou pas.
Très soft, ce nouveau titre de Nagabe reste, malgré le sujet, tout public. Son traitement des situations, tout en douceur et en nuance, fait d’autant plus ressortir la force des sentiments des personnages. Avec en prime son style graphique parfaitement maitrisé, nous obtenons une œuvre très belle et agréable à lire. Komikku a de plus respecté le format japonais ce qui, avec la magnifique couverture brillante, en fait un titre à découvrir au plus vite.
Fabrice Docher
THE WIZE WIZE BEASTS OF THE WIZARDING WIZDOMS (WISDOMS NO KEMONOTACHI) de NAGABE (2018)
Comédie / romance, Japon, Komikku éditions, juin 2020, 230 pages, livre broché, 12,99 euros