En cette veille de Noël, Chise s’éclipse discrètement avec Ruth pour rejoindre Alice à Londres. Depuis leur affrontement avec Cartaphilus, elles ont sympathisé et les voici toutes les deux face à une nouvelle mission difficile : trouver un cadeau pour leur maitre respectif. Même si Chise se fait réprimander par Elias (qui n’a en fait rien manqué de son escapade) à son retour, cela reste une grande expérience pour elle qui n’a jamais vraiment fêter Noël. Le lendemain, alors qu’ils sont en route pour rendre visite à Simon, Chise, Elias et Ruth sont abordés par une jeune fille qui cherche son frère. Ce dernier a disparu et comme un phénomène surnaturel semble à l’œuvre, ils décident d’intervenir. Mais cette simple demande se révèle plus difficile que prévu…
Ce 6ème tome est beaucoup moins mouvementé que le précédent. Après avoir risqué sa vie pour préparer une potion, être restée en convalescence et faire les préparatifs pour le solstice d’hiver, Chise s’oriente vers des occupations plus terre à terre. Et entre fêter Noël ou comment se comporter avec ses amis, on apprend que la jeune fille a vraiment peu d’expérience pour les interactions sociales. C’est l’occasion pour nous d’explorer le côté « humain » de l’histoire, entre la visite à Londres et une traversée du village près de la maison de nos héros, où même l’histoire pas très joyeuse d’Alice et l’amitié naissante de Chise avec Stella. Dans le même temps, nous en apprenons plus sur Elias, notamment son caractère et ses relations avec les autres humains. Comme sa protégée l’avait déjà remarqué, c’est encore un grand enfant, qui a de très nombreuses connaissances en magie mais qui ne comprend pas son comportement, ses propres sentiments, ou plus simplement le fait d’être « humain ». Plus discret même si l’épisode avec Œil de Cendres est important, la magie, la sorcellerie sont replacées dans ce tome dans le contexte du monde normal. Que ce soit Alice, bien que magicienne, face à un être surnaturel ou Stella lorsque la magie s’en mêle, des manifestations extraordinaires arrivent dans le quotidien de personnes qui ne le soupçonnent pas, ou n’y sont pas totalement réceptifs. Là est une des forces de ce manga : bien que les rencontres se multiplient avec des créatures fantastiques ou que de grands pouvoirs sont activés, tous se passent dans notre univers. Nous savions qu’Elias avait des humains « normaux » parmi ses clients mais c’est la 1ère fois que nous voyons une vraie interaction avec eux. Et le fait que le magicien accepte rapidement de suivre, couter et accepter la requête de Stella prouve qu’il y a déjà eu des échanges. Aussi est rappelé que malgré leurs pouvoirs, sorciers et magiciens sont soumis à des règles, ne sont pas tout puissants et doivent parfois passer par des méthodes détournées pour arriver à leur fin. Kore Yamazaki construit petit à petit un monde complexe, avec une grande part de fantastique mais aussi très proche du nôtre. Les deux univers se complètent, s’entremêlent, tout simplement coexistent car ils sont là en même temps. Et si comme Chise nous découvrons le monde de la sorcellerie, nous redécouvrons aussi notre propre monde au gré de ses interactions avec le surnaturel ou par le simple fait d’avoir des amis. Ce manga est décidément une grande œuvre, profonde et humaine, très bien réalisée et avec une histoire passionnante. Une seule chose est à faire, la découvrir au plus vite, d’autant que le travail de Komikku sur l’édition est remarquable. Il ne reste plus qu’à patienter en attendant le prochain tome mais également la série, qui vers être créée avec les 3 premiers OAV et qui devrait sortir d’ici la fin de l’année au Japon. L’attente va devenir insoutenable…
Fabrice Docher
THE ANCIENT MAGUS BRIDE (MAHOUTSUKAI NO YOME) volume 6 de Kore YAMAZAKI (2016)
Fantastique, Japon, Komikku éditions, mars 2017, 186 pages, livre broché 7.90 euros