Dernier volet d’une trilogie «monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort» : étrange rencontre dans un décor planté à Cuba. Un photographe japonais est sollicité par les services de la Douane pour être interprète auprès de Reiko, venue là pour «mettre de l’ordre dans son délire». Les formalités administratives accomplies, il va se trouver «hypnotisé» par cette femme belle, fragile, mystérieuse car perdue dans son monologue. Elle est actrice : jeu de rôle et réalité s’entremêlent, tout comme les récits de plaisir et de souffrance jusqu’à l’extrême jouissance…
Erotisation des mots s’écoulant pêle-mêle sans lien de manière répétitive. Folie, errance, une vraie descente aux enfers… fascination, soumission, quête d’un amour impossible, dépréciation narcissique… Tout y est : monologue analytique ? Papa Freud – représenté là par le chaman – trouverait suffisamment d’éléments biographiques pour faire une nouvelle étude de cas avec une réflexion sur la société japonaise tout en confirmant ses théories de traumatisme précoce lié aux premiers regards du père sur sa propre fille… On referme le livre en éprouvant à la fois un certain malaise mais aussi une admiration certaine : Murakmi Ryû est plus qu’un grand écrivain par la finesse et l’exactitude psychologiques des portraits dessinés.
Éditeur : Philippe Picquier
Pays : Japon