Dans son film, Dai Sijie a voulu témoigner de façon marquante l’emprise des superstitions sur la population d’un village pauvre, situé à la frontière sino-vietnamienne. Tang est le onzième enfant qui n’aurait jamais dû voir le jour ! A sa naissance son père tue sa mère, Tang est banni et élevé dans la montagne par son frère Tang le premier.
Pour illustrer musicalement son histoire, Dai Sijie a choisi Jean-Marie Senia , auteur prolifique qui a écrit plus de 500 musiques de films et de téléfilms dont : L’ami Maupassant, Rouge Baiser, La Guerre des Polices, Un été à la Goulette, … Pour Tang le Onzième, le compositeur a pris le parti de l’émotion et d’un romantisme sombre. Une partition sans soubresaut, tout en finesse qui fait la part belle à certains instruments comme la trompette pour le générique, le cor anglais, l’alto, la guitare et le piano. Les percussions sont employées avec une minutie chirurgicale pour plonger l’auditeur dans les méandres du drame. Il s’en dégage une torpeur, une fatalité voulues par le cinéaste qui oscille entre réalisme et légende. Bien que le film se passe en Asie, la couleur musicale (mis à part quelques carillons, flûte et effets de synthés) ressemble un peu aux scores de films italiens comme ceux de Nicolas Piovani (Good Morning Babylonia, La Vie est Belle). La BOF de Tang le Onzième demande quelques efforts d’écoute pour dégager son charme vénéneux ; elle ravira à coup sûr les amateurs de climats extatiques. Le meilleur travail de Jean-Marie Senia depuis bien longtemps.
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Pays : Divers