Street Fighter : La légende de Chun-Li de Andrzej Bartkowiak

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L’histoire de Chun-Li, enfant pour qui se dessine un avenir doré, famille aisée, parents aimants…
Seulement, un jour tout bascule. Le père tant aimé et admiré par sa fille est kidnappé.
Pourquoi ? Comment doit maintenant vivre Chun-Li, quel destin doit-elle choisir, maintenant que son père et mentor ne veille plus sur elle ?
Plongez dans la quête initiatique de la légendaire combattante de Street Fighter !

Petite rétrospective :
Le terrain est dangereux pour qui décide de s’essayer à l’adaptation d’un jeu vidéo au cinéma, plusieurs exemples antérieurs l’attestent. Rien que de citer Super Mario Bros de Rocky Morton (1993), ou encore Max Payne de John Moore (2008) qui sont mauvais, j’en ai froid dans le dos.
Il y a eu bien entendu des jeux de combats qui y sont passés, en particulier Mortal Kombat adapté en 1995 par Paul W. S. Anderson et Mortal Kombat : Destruction Finale, de John R. Leonetti qui sont plaisants quand vous êtes enfants, bien qu’en grandissant vous voyez ces adaptations d’un autre œil. Pour finir, n’oublions pas la première transposition en film de Street Fighter par Steven E. de Souza en 1994 avec Jean-Claude Van Damme qui, au mieux, pouvait être regardé comme un nanar.
Bien, arrêtons-nous là avec ce sombre passé, et penchons-nous sur le film d’aujourd’hui.

La question de l’adaptation
Le problème étant que Andrzej Bartkowiak s’attaque à un mythe du jeu de baston (dont le premier remonte à 1987) qui compte une importante communauté de fans dans le monde. Le jeu est d’ailleurs encore joué sur arcade. Or, par définition un fan ne peut pas bien critiquer une œuvre, car il est passionné, et à ce titre ne fera pas preuve d’objectivité, éludant volontairement ou non les défauts. Quand de surcroît il s’agit de cinéma, on commencera avant même le début de la réalisation de parler d’outrage, d’hérésie… Adapter un jeu en film, sonne dans la tête comme un mauvais son de cloche, alors même que celui-ci n’est pas encore sorti. Je ne suis pas un fan de la saga Street Fighter, je n’en ai joué qu’à 2, que j’ai du reste appréciés, je me contenterai donc de brèves comparaisons entre le film et les jeux, en gardant à l’esprit le fait qu’une adaptation est avant tout une appropriation d’un support original qui se doit de contenir son lot d’ajouts personnels pour ne pas être seulement une imitation. Seulement dans le cas présent, le jugement du fan s’avèrerait juste, et une copie du jeu aurait peut-être été plus salutaire…

Un film grand public
Le réalisateur, contrairement au premier film sur la saga, décide de centrer le scénario sur un personnage en particulier, alors que le premier avait tenté d’en traiter plusieurs. C’est Chun-Li qui a été choisie. L’idée était bonne, car en se focalisant sur un protagoniste, on aurait pu espérer une histoire plus fouillée et un background profond.
Que nenni ! L’ensemble est plat, prévisible, et on ne peut plus classique. Comme toute pratiquante d’arts martiaux, pour une raison ou pour une autre, elle va se lancer dans une quête initiatique afin d’évoluer. Ici, Chun-Li devra quitter sa vie heureuse, pour se frotter aux bas quartiers de Bangkok, et s’endurcir, jusqu’à ce qu’elle rencontre enfin le “deus ex machina” qui deviendra son mentor.
Et devinez quoi ? Vous saurez à l’avance les moments où il fera son apparition. La suite est dans la même veine : venger papa.
Voici pour le scénario.

Où, où, où est Chun-Li ?
Un mot sur les personnages tout de même. L’héroïne, interprétée par Kristin Kreuk (connue pour son rôle dans Smallville), que j’ai trouvée assez convaincante, c’est la seule d’ailleurs. Mais surtout convaincue par sa beauté qui n’échappera à personne. Bien qu’elle ne ressemble pas du tout à la Chun-Li du jeu, ce qui n’est pas une pénalité en soi. C’est surtout au niveau de la symbolique du personnage que cela coince. La “Première dame des jeux de combats” renvoie une image de femme d’action forte. Or, bien qu’elle se batte dans le film, elle incarne plutôt le cliché de “la demoiselle en détresse”. Notez au passage que les mensurations non plus ne sont pas fidèles hum… Ce qui n’empêchera pas la belle de se trémousser. Par exemple, cette scène en boîte, où le film prend plus des allures de clip musical exhibant ses “babes”. Ou encore, cette manie de mettre shorts ras-des-fesses quand il pleut averse.
Les quelques autres persos du jeu sont vides. M.Bison interprété par Neal McDonough, à la rigueur arrive presque à faire penser à un vrai méchant, mais il est gentil avec sa fille comme tous les papas. Balrog (Michael Clarke Duncan) stoïque, pavane sa carrure ; de la figuration, rien de plus, à des années-lumières de son rôle dans La ligne verte. En revanche, question ressemblance avec celui du jeu, c’est le meilleur acteur. Vega… ne sert à rien, se fait battre en 2 secondes, et a une gueule de Predator. Kris Klein incarnant Charlie, est fade, ne prend pas son rôle au sérieux, donne le sentiment de profondément s’ennuyer sur le tournage, incarnant un flic qui traverse la pièce, bête, imprudent, manquant sérieusement de bon sens, ne pensant qu’à flirter avec sa collègue flic, j’ai nommé Korinna Moon Bloodgood. Alors elle, on peut le dire, ne sert qu’à rajouter un plus visuel, un joli plan sur ses fesses et ses tendances SM, c’est tout ce que j’aurai retenu. Arrêtons l’hémorragie.
Que reste t-il ?

Un film d’arts martiaux quelconque
Après tout, je regarde un film d’arts martiaux, pour les combats et les chorégraphies. Il y a peu de scènes d’actions, les rares mouvements essayent dans la mesure du possible de reproduire ceux du jeu, mais cela manque d’originalité, le tout est très classique.

En somme, le film est grand public, adaptation d’un jeu vidéo japonais à la sauce américaine. Jolies filles (là c’est fidèle au jeu, et encore), peu de respect du type de femme qu’incarne Chun-Li, jeux d’acteurs peu convaincants, chorégraphies classiques et trop rares pour un film sans âme dont le scénario saute aux yeux dès le début. Andrzej Bartkowiak ne s’est vraiment pas mouillé.
Le film de 1994 avec Jean-Claude Van Damme avec son côté nanar était plus attachant.
En fin de compte Street Fighter : La légende de Chun-Li rejoint la cohorte sans valeurs de jeux vidéos adaptés au cinéma.
Sans être extrêmement mauvais, vous trouverez mieux quelques soient vos attentes :
– Amateurs de films de combats pour les chorégraphies : ONG BAK avec Tony Jaa
– Fans de Street Fighter, jouez aux jeux ou regardez les films d’animation
– Spectateurs en quête de jolies filles ? A la rigueur…

Acteurs : Kristin Kreuk, Robin Chou, Neal McDonough, Mickael Clark Duncan

Éditeur : Metropolitan Film & Video

Pays : USA/Inde

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