Dix histoires courtes, dix portraits de jeunes femmes célibataires dans Taïpei aujourd’hui. C’est l’angle qu’a choisi la jeune illustratrice Pei-hsiu Chen pour son dernier opus Somnolences qui a reçu le prix de la meilleure BD taïwanaise 2020.
Elle s’était fait connaître en France, en 2015, lors du Festival international de la bande dessinée d’Angoulème où elle avait présenté Chez le dentiste dans la sélection Jeunes Talents.
Dans ces histoires courtes, elle raconte la banalité du quotidien, ses tracas et ses joies. Son amour des chats, très présents dans plusieurs récits. On apprend aussi plein de particularités de la ville : ses embouteillages, sa densité de population mais aussi ses « chefs de quartier ». Élus localement, ils sont à l’écoute des habitants et les aident. Ils peuvent aussi, comme celui de « l’heure du repas », ne pas trop apprécier certaines initiatives… Comme celle de cette passionnée qui nourrit tous les chats de son quartier.
Côté cœur, on découvre une adepte du très actuel « dating » et de l’amour non exclusif. Mais aussi le temple Chen-huang dans le magnifique quartier de DaDaoCheng. Deux amies s’y retrouvent et parlent de leur « liste de vœux » pour trouver le mari idéal. Le « jour de congé », quant à lui, est consacré au bonheur de cuisiner sans prétention, « avec désinvolture ».
Ces histoires minuscules sont comme des tranches de vie qui nous rapprochent de ces jeunes femmes. De leurs préoccupations, de leurs habitudes, de leur solitude aussi. La délicatesse du crayonné, la touche de couleur qui illumine les dominantes de gris, le dessin à la fois simple et dynamique nous rend Taipei très proche, intime même.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Somnolences, Pei-hsiu Chen, traduit du mandarin (Taïwan) par Ivan Gros, 19,5X26,5cm, 128 p. Couleurs, 22€, éd. Actes Sud BD. En librairie le 14 avril.