Alors que la petite troupe s’arrête pour quelques jours dans le village d’Arishigi. Le soir le golem raconte à Shizuna sa rencontre avec Somali. Gardien de la forêt, ne perturbant pas les Lois de la Nature, il ne voulait rien faire pour cette rescapée de l’accident d’un transport d’esclaves humains. Mais elle s’est d’elle-même imposée à lui, l’appelant père et le suivant partout. A force, sans trop comprendre pourquoi, il a fini par accepter sa présence. Sentant sa fin approcher, il a décidé de partir avec elle pour la confier à d’autres humains, alors que le voyage en lui-même ne sera pas sans risque. Et cette vérité va se vérifier à nouveau. En effet alors que tout se passait bien, le golem repère des chasseurs d’humains qui viennent pour eux…
Ce tome commence par une grande séquence souvenir. Nous découvrons enfin la rencontre entre Somali et le golem en entier. Nous voyons aussi les tâches qu’un golem accomplies normalement ainsi ses réticences à s’occuper de la petite fille. Alors que rien ne le destinait à prendre la route avec elle, il nous dévoile l’origine de sa décision. Pour contrebalancer cette belle séquence, il y a malheureusement le retour à la réalité : le sort des humains aujourd’hui. La guerre a laissé des traces et si c’est l’humanité la fautive, à cause d’une peur de la différence vraiment exagérée, les monstres (en général) aujourd’hui ne font plus d’effort et restent sur une politique d’extermination. Nous avions déjà l’exemple de la doyenne des bibliothécaires dans le volume 2 ; ici c’est Mamie Rosa qui nous compte une histoire peu flatteuse pour les hommes. Nous avons donc un grand changement de ton dans le 2ème partie de ce tome, et par rapport à l’ensemble de l’histoire jusqu’à maintenant. Somali a toujours véhiculé une candeur communicative autour d’elle, le 1er qui en a « fait les frais » étant le Golem, comme il le raconte justement dans ce tome. C’est le cas également de la plupart des personnes qu’elle rencontre. Certaines situations dangereuses ont été évoquées mais concernaient d’autres humains ; Somali a déjà subi des attaques mais qui ne ciblait pas en 1er lieu ce qu’elle est. Ici tout change avec les chasseurs d’humains qui la pourchassent. Le destin de tous ceux qui l’accompagnent bascule : Shizuno et Yabashira refusent de l’abandonner, tentant de l’aider, tandis que le Golem doit réfléchir à la manière de s’en sortir malgré son état qui se détériore. Comment tout cela va-t-il se terminer ?
D’ordinaire contemplatif et plein de tendresse, le manga prend une tournure plus urgente, plus dramatique. Il explore ainsi d’autres facettes des relations entre ces êtres que tout oppose au 1er abord. Touchante et juste, cette histoire ne laisse personne indifférent, malgré, ou à cause de sa simplicité apparente. La suite se fait alors d’autant plus désirer au vu de la situation des dernières pages. C’est un titre de qualité qu’il est important de découvrir.
Fabrice Docher
SOMALI ET L’ESPRIT DE LA FORET (SOMALI TO MORI NO KAMISAMA) volume 5 de Yako GUREISHI (2015)
Fantasy / voyage / tranches de vie, Japon, Komikku éditions, décembre 2019, 160 pages, livre broché 7.99 euros