Quand il était enfant le petit-frère de Shun a mystérieusement disparu au détour d’une rue, comme enlevé par les Dieux. Shun a maintenant dix-sept ans. Sa souffrance muette en a fait un adolescent morne et peu expressif…
Autant le savoir tout de suite, Shara n’est pas un film comme les autres. Ici la place n’est ni à l’action, ni aux débordements de sentiments, ni même aux paroles. Non, ici, on assiste simplement à la vie plus vraie que nature d’une famille avec son lot de bonheurs et de souffrances. Filmé caméra à l’épaule avec de longs plans séquences contemplatifs, plaçant le spectateur comme une sorte de voyeur invisible et rappelant dans le même temps la présence fantomatique du frère disparu, ce film aux aspects de documentaire nous plonge dans l’intimité de cette famille qui tente tant bien que mal de vivre malgré tout. Dans le plus pur esprit japonais, les personnages tout en retenue et en humilité, interprétés par des jeux d’acteurs d’une rare véracité, traînent une sorte de mélancolie mêlée d’une joie de vivre honteuse. Mais au Japon, pays de la contenance par excellence, il existe des événements populaires qui sont l’occasion de laisser s’émanciper des sentiments bridés tout au cours de l’année, et c’est lors d’un magnifique festival de rue éclatant de couleurs et de rythmes, que les personnages laissent exploser leurs émotions et leur force de vie, les emportant, l’espace d’un instant, loin au-dessus de la réalité quotidienne. Puis avec la fin du festival reprend la vie de tous les jours, et le réalisateur nous fait alors comprendre brusquement que le voyeurisme n’a que trop duré, qu’il est temps de laisser cette famille à sa vie et c’est alors discrètement et silencieusement que l’on disparaît lentement de ce film, doutant qui de nous ou des personnages du film sont la chimère.
Acteurs : Kohei Fukunaga, Yuka Hyodo, Naomi Kawase
Éditeur :
Pays : Japon