SCARY TOWN (KUROMACHI) volumes 1 et 2 de Nokuto KOIKE

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Depuis que son père a perdu son emploi et cherche un nouveau travail, Kouichi vit des situations de plus en plus bizarres. Certaines sont liées à ce que fait son père, qui nourrit des zombies dans une supérette la nuit ou fait le gardien d’un chantier où un monstre souterrain sévit parfois. Le danger vient aussi à lui, comme lorsqu’il se retrouve à chercher du travail alors que son père est hospitalisé : dans des bains, il se trouve face à une créature difforme qui était anciennement un homme et qui finit par avaler sa femme. Puis en voulant aider à l’hôtel de son grand-père, il finit par s’enfuir en emmenant son père car celui-ci se faisait « dévorer » sa vitalité par les visiteurs. La folie vient aussi jusqu’à leur appartement avec une étrange femme qui attaque son voisin ou une mini vache que vient récupérer un minotaure. Même son école n’est pas à l’abri avec son club de science qui cuisine du zombie ou une camarade qui tente de créer un démon…

Comment dire… A la fin du 1er tome, je ne savais pas du tout quoi penser de ce manga. Rares sont les titres qui perdent totalement le lecteur mais celui-ci fait assez fort. En effet, chaque chapitre aborde des situations plus ou moins dangereuses, avec parfois des morts, mais cela n’a pas l’air d’inquiéter outre mesure les habitants du quartier. Des zombies viennent la nuit se nourrir dans une supérette ? Normal (d’où viennent-ils d’ailleurs ?). Un monstre sévit sur un chantier ? Les ouvriers font avec. Même Kouichi qui semble plus se rendre compte de ce qu’il se passe que les autres ne fait plus cas de la mésaventure qu’il lui arrive lors un chapitre dans celui qui suit. Il n’y a qu’à la fin que cela commence à s’enchainer après que le père creuse son trou sous leur appartement et commence à travailler dans les galeries (où il y a des commerces… ?). Mais il y a toujours le fait que les habitants ne font pas trop cas des zombies, à part qu’ils éliminent ceux qui sont devant eux. En bref c’est vraiment du n’importe quoi qui s’enchaine sans trop de cohérence… Et puis arrive Eiko, présidente du « club du lycée sur les démons », qui entraine Kouichi dans sa quête pour comprendre ce qu’il se passe dans leur ville, ou plutôt dans leur district, qui semble être le seul touché. Petite parenthèse, le nom de leur ville, Kuromachi, est le même celui du héros : coïncidence ? Sinon, après quelques péripéties (qui leur permettent de vivre plusieurs superstitions propres au japonais), nos 2 adolescents arrivent à comprendre ce qu’il se passe et avec le père de Kouichi, à régler un problème. Est-ce que tout semble finit ? Pas vraiment vu que d’autres situations bizarres arrivent, lorsque ce n’est pas des connaissances du jeune homme qui font n’importe quoi. En bref, il y a un fil conducteur mais celui-ci arrive à la fin du 1er volume et se perd dans le 2nd. Plusieurs histoires d’horreurs japonaises typiques sont mises en scène, mais est-ce qu’elles servent de prétexte au scénario ou en sont-elles le vrai fond ? Après nous avoir habitués à des récits d’angoisse et d’horreur, Nokuto Koike change son fusil d’épaule en nous faisant plutôt rire que frémir. Certaines créatures sont effrayantes, il y a des morts mais le ton est franchement à la comédie. Et cela commence par un héros loser, peureux et fainéant, et une héroïne légèrement déjantée et portant en permanence un masque sur la bouche. Certains monstres sont caricaturaux à l’extrême dans leur comportement tandis que certains  adultes sont obsédés par le fait d’accomplir leur travail, même s’il est sûr que cela va créer une catastrophe. Personne n’est donc épargné dans ce manga, où l’auteur nous fait profiter de son talent en dessin et mise en scène. Il faut également féliciter Komikku Editions d’avoir sorti les 2 premiers volumes en même temps, alors qu’il n’y en a que 3 au total. Comme je l’ai dit au début, le 2ème tome permet de « comprendre » un peu mieux ce qu’il se passe, nous évitant d’être totalement perdu et d’arrêter tout de suite la lecture. Le style ne plaira probablement pas à tout le monde, mais l’ensemble reste pour le moment « cohérent », même si nous pouvons nous demander comment cela va se terminer. Les fans d’horreur seront peut-être déçus, mais Scary Town a au moins le mérite de modifier la narration habituelle, tout en intégrant tous les éléments qui font le succès de ce type d’histoires.

Fabrice Docher

SCARY TOWN (KUROMACHI)  volumes 1 et 2 de Nokuto KOIKE (2015)

Horreur / Comédie, Japon, Komikku éditions, octobre 2017, 178 pages chacun, livres brochés 7.90 euros

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