Malgré l’extrême modernité qui règne au Japon, nombre de ses habitants n’oublient jamais leurs racines campagnardes. C’est le cas du chef étoilé Yoshihiro Narisawa au travers de son remarquable ouvrage Satoyama Cuisine.
Il pousse l’expérience hors des limites de la cuisine tant physiquement que gastronomiquement. En effet, Narisawa s’applique à suivre le précepte ancestral des cueilleurs. Le satoyama ( sato : village, yama : montagne ) consistait pour les villageois à glaner des denrées indigènes entre les plaines arables du bord de mer et les monts avoisinants. Si bien que, pour notre cuisinier, au cours de ses cueillettes, tout est bon, jusqu’à même utiliser de la terre. Il introduit aussi poissons et viandes indigènes. Il se sert donc du terroir pour des plats plus « durables ». La tradition n’est – elle pas celle qui sait se métamorphoser de génération en génération ?
Afin de magnifier ses présentations, il a fait appel au célèbre photographe culinaire brésilien Sergio Coimbra. De là un exceptionnel rendu des plats emplis d’une Nature célébrée par ses couleurs appétissantes.
De plus, le chef s’entoure des meilleurs artisans pour créer ses couteaux et sa vaisselle. Sans parler de la présentation de ses plats, tels les plateaux de bois magnifiés par des éléments naturels. On a l’impression de déguster (dans) la nature.
Le lecteur l’aura compris, l’ouvrage le projette bien au-delà du traditionnel livre de cuisine. C’est tout autant un guide de voyage au service du Japon, de son histoire et de ses traditions.
À quand l’heureuse initiative d’une édition moins onéreuse ? Patience…
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Satoyama, édition Collector limitée à 1 000 exemplaires signés par les deux auteurs : Yoshihiro Narisawa, Sergio Coimbra. Relié, imprimé en hexachromie avec vernis, reliure à la bodonienne combinant deux tissus importés du Japon, tranche dorée, 40 x 33 cm, 416 pages ; dans un boîtier laqué doublé de lin naturel, poids total 15 kg. 1250€.
photographies de Sergio Coimbra