Après une bonne carrière de festivals et de soirées spéciales, le documentaire de Pascal Alex Vincent Satoshi Kon l’illusionniste sort en Blu-ray et DVD avec de nombreux suppléments inédits et même des memorabilia pour la série prestige limitée !
Mais revenons au documentaire lui-même. Il fait le portrait du légendaire et visionnaire Satoshi Kon, grande figure de l’animation japonaise. Né dans les années 60, il est d’abord mangaka. S’inspirant du style de Katsuhiro Otomo et de sa série Akira qui cartonne, le jeune dessinateur de génie est multi primé. Il est donc remarqué et approché par les studio. Il signe ainsi, en à peine 10 ans, 4 films qui révolutionnent le monde de l’animation. Par ordre chronologique : Perfect Blue en 1997, Millenium actress en 2001, Tokyo Godfathers en 2003 et Paprika en 2006. Il meurt en 2010 à l’âge de 46 ans.
Satoshi Kon « a élargi les possibilités de l’animation » dit de lui Mamoru Hosoda. Ses films s’adressent à un public adulte. Il le plonge dans ses propres angoisses. Mêlant habilement le réel et l’imaginaire, il joue subtilement des codes de la narration. Il demande ainsi une attention constante du spectateur qui finit malgré tout par perdre ses repères. S’il ne rencontre pas de francs succès commerciaux, il influence durablement les réalisateurs de cinéma du monde entier. Et son œuvre fait partie des plus diffusées et des plus influentes de l’histoire de la culture japonaise contemporaine.
C’est ce que montre avec brio, le spécialiste du cinéma nippon qu’est Pascal-Alex Vincent. Son film est une plongée dans la « japanime » des années 2000. De nombreux témoignages comme ceux de Mamoru Hosoda ou de Mamoru Oshii respectivement auteurs de Belle et de Ghost in the Shell, donnent une idée de ce « génie » si particulier. « Autant pour sa personnalité que pour ses films, Satoshi Kon recherchait la perfection à tout prix. » relate ce dernier. Les témoignages de réalisateurs comme Darren Aronofski (Requiem for a Dream), Rodney Rothman (Spider-Man : New Generation) ou Jérémy Clapin (J’ai perdu mon Corps) élargissent encore son aura car ils reconnaissent volontiers ce qu’ils doivent à Satoshi Kon.
Mais le portrait s’arrête à la porte des sudio. On ne saura rien de l’homme. L’important étant son œuvre, le documentaire en fait excellemment son office d’introduction. Il donne envie au néophite de découvrir ses films et au cinéphile passionné de s’y replonger !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Satoshi Kon, l’illusionniste, P.A. Vincent, 2020, 1h22, Carlotta. Édition prestige 28€, édition single 20€. Pour plus d’informations, consulter le site https://laboutique.carlottafilms.com