L’heure de la confrontation finale a sonné. Rudolf est bien décidé à reprendre la ville tandis que Gil l’attend de pied ferme, avec tous les mafieux qu’il a regroupé et qui terrorise les habitants. Cependant le maire-adjoint arrive à bord d’un tank conduit par Momoko ; après un court arrêt au bar de Lapin, il se met à attaquer tous les gangsters qu’il croise avant de pilonner la mairie à coup d’obus. Aigue-Marine apparait, détruisant le tank avec un lance-roquette. Momoko repart dans les rues pour protéger la population tandis que Rudolf, après un peu de nettoyage à l’aide de grenades, se retrouve devant son ancien secrétaire. Comment va-t-il réagir alors qu’il se trouve face à celui qui l’a le plus trahi ?
Il est malheureusement temps pour nous de quitter cette ville hors norme qu’est Gond Land et son héros atypique. Plutôt anti-héros, égoïste, revanchard, violent, imbu de lui-même, il est cependant à sa place dans cet endroit sans foi ni loi, caricature de Las Vegas et du capitalisme. Néanmoins au fur et à mesure de ses aventures, nous lui découvrons d’autres facettes ainsi qu’une famille tout aussi farfelue (ce 7ème volume nous donne d’ailleurs l’occasion de découvrir sa mère, elle-même spéciale). Au contact de ses adversaires, des gens de la rue, de ses connaissances, il ne va pas devenir plus « gentil » mais plutôt s’adoucir, sans pour autant renier ses convictions. Son discours d’investiture, en fin de tome, reflète parfaitement son nouvel état d’esprit, qui est un peu l’une des morales de ce manga : s’il aime toujours autant l’argent, il a compris qu’il existe des choses qui ne s’achètent pas. Si l’histoire avance à tambour battant, en ligne droite sans trop de détour, elle prend le temps de clarifier la situation de tous les personnages. Pour les plus importants, nous avons bien sûr le passé d’Aigue-Marine, expliquant sa trahison, et la vraie motivation de Gil. Mais il y a aussi le passé de Lapin avec l’apparition de son père, le retour de la mère de Rudolf, la déclaration de Pale envers Momoko, la peine de Humming-Bird, etc. En fait le sauvetage de la ville est un « happy end » suivi par un très long épilogue. Tout s’enchaine peut-être un peu facilement mais au moins rien n’est laissé en suspens. Portées par un dessin aussi haut en couleur que les personnages (avec des femmes aux formes voluptueuses), les pages s’enchainent avec fluidité et dynamisme. Tension, humour, peine, tendresse, chaque sentiment est clairement exprimé par nos héros (Rudolf et Lapin en tête) qui ont fini par apprendre à ouvrir vraiment leur cœur. Ce n’est pas un grand titre, surtout qu’il est difficile à appréhender au départ, vu son « héros ». En persévérant, nous pouvons découvrir des personnages finalement attachants, un univers accrocheur, des histoires flamboyantes et une touche de tendresse agréable. Que demander de mieux pour se divertir ?
Fabrice Docher
RUDOLF TURKEY volume 7 de Hiroko NAGAKURA (2017)
Action / violence / comédie, Japon, Komikku Editions, juillet 2018, 258 pages, livre broché 7.90 euros