L’annonce de la véritable identité du secrétaire de Mairie, ajoutée à la trahison d’Aigue-Marine et l’attaque de la demeure des Turkey, créent une surprise énorme. Momoko est choquée tandis que Rudolf se met à se battre avec son ex-employé. Même s’il reçoit plusieurs blessures par balle, sa rage le fait tenir. Il faut cependant l’intervention de Pale et Vermelho ainsi que des domestiques pour qu’il puisse s’enfuir avec Momoko. Pour se remettre en état et en selle, Rudolf a besoin de partir loin et il bénéficie pour cela de l’aide d’un riche marchand d’art français, Grive Blanche. Installé discrètement à New York avec sa secrétaire, il commence lentement sa convalescence et se retrouve forcer de faire sa propre remise en question. Pendant ce temps, le secrétaire de Mairie, retenant le père de Rudolf enfermé à l’hôpital, commence à étendre son influence néfaste sur la ville.
Après une grande montée en pression, la tension redescend alors que notre héros est obligé de s’enfuir, blessé. C’est l’occasion pour lui de faire le point sur ses vraies capacités (sans argent), sur son entourage, sur ses relations. Nous découvrons ainsi sa rencontre avec Pale et Vermelho, bien plus ancienne que nous pourrions le croire, ce qui explique son étrangeté mais également sa durée. Il est aussi mis en lumière son problème relationnel avec les femmes, via Momoko, avec son point de vue en fait totalement biaisé. Sinon, avec un peu d’aide, Rudolf arrivera à remonter la pente après une grande introspection et en mettant de côté un peu de sa fierté. Mais bon, comme le montre sa rencontre avec le marchand d’art français, son côté cynique, voire légèrement démoniaque, est toujours bien là. Il prépare son retour, qui risque d’être très explosif dans le 7ème et dernier tome de la série (même si Momoko sera là pour éviter qu’aille trop loin). Pendant ce temps, Gond Land attend désespérément son sauveur, dont l’absence démontre l’influence positive qu’il avait construite petit à petit. Si Rudolf Turkey est loin du héros typique de shônen, il a cependant des convictions, des principes qui font que les personnes qu’il a croisées et aidées ont confiance en lui. Cynique, bagarreur et imbu de lui-même, il n’est pas un bon exemple ; mais il est loyal à sa manière et il tient ses promesses. Au fil des rencontres et aventures évoquées dans ces 6 premiers tomes, il a mûri, changé (un peu) ses manières et sa façon de penser. Ce volume s’éloigne des affaires et des jeux de pouvoirs habituellement abordés ; là c’est plus la préparation psychologique puis matériel de la contre-attaque de Rudolf qui se met en place. En attendant un final que nous espérons à la hauteur de notre sale gosse de riche, nous pouvons redécouvrir des personnages plus complexes qu’ils en ont l’air. Assez bien dessiné et mis en mouvement, ce manga est accrocheur et monte en puissance. Attendons la suite, en espérant que le délai ne sera pas cette fois aussi long.
Fabrice Docher
RUDOLF TURKEY volume 6 de Hiroko NAGAKURA (2017)
Action / violence / comédie, Japon, Komikku Editions, novembre 2017, 194 pages, livre broché 7.90 euros