Nos Années sauvages (1990, 1h30)
Chungking Express (1995, 1h37)
Les Anges Déchus (1996, 1h32)
Happy Together (1997, 1h33)
“ La révolution Wong Kar-wai” ou “les films, rien que les films, mais quels films ! ”
Avec ce coffret pompeusement intitulé ” La révolution Wong Kar-wai ” TF1 Vidéo nous offre tout à la fois une grande joie et une grande déception. Une grande joie, celle de voir ou de revoir 4 films d’un des cinéastes les plus intéressants – et acclamés – depuis quelques années. Une grande déception, celle de ne pas voir figurer parmi ces films Les Cendres du temps dont on attend encore la sortie DVD, que son distributeur ARP a jugé bon d’isoler en vue d’une édition collector. Au rang des déceptions également : la maigreur des bonus, réduits à de rachitiques galeries photos et bandes annonces, que ne compensent pas le livret et les cartes monochromes qui accompagnent le coffret.
Wong Kar-wai méritait mieux que ça.
Restent les films, qui font quand même adorer ce coffret. Dans l’ordre chronologique, il faut absolument voir ou revoir Nos années sauvages, dont la langueur préfigure, mais dans une atmosphère plus froide, celle d’In the mood for love. Chungking Express est et reste un pur délice, irradié par le pétillant de la très jolie Faye Wong. Exilé en Amérique latine, Happy together permet de prendre la mesure de la richesse du cinéma de Wong Kar-wai, dont la mise en scène apparaît déjà très aboutie. Le film réunit deux icônes du cinéma de WKW, Leslie Cheung et Tony Leung, et marque le passage de témoin du premier au second dans la filmographie du maître. Une quête amoureuse toujours aussi troublante et captivante qu’à la sortie du film. Les Anges déchus ont, en revanche, moins bien supporté le passage du temps, et les effets de style, visages déformés par la proximité de l’objectif, accélérés et ralentis, apparaissent aujourd’hui bien démodés. Et, surprise, WKW, magicien de l’érotisme, dont tous les films prouvent son talent à filmer la sensualité, rate magistralement ses scènes de masturbation qui confinent au vulgaire. Mais le film reste à voir, ne serait-ce que pour la prestation de Takeshi Kaneshiro, hilarant dans des scènes marquées par un absurde délicieux. Les Anges déchus permet aussi de mesurer l’intérêt de ce coffret qui offre la possibilité de cerner les ponts que WKW dresse entre ses films – à travers des éléments récurrents tels que les ananas en boîte ! – qui, on peut le dire, constituent déjà une œuvre. Là eut pu résider l’intérêt de bonus : mettre en évidence ces liens que l’auteur tisse de film en film. Il faudra les découvrir par soi-même.
En bref, les films, rien que les films, mais quels films !
Éditeur : ARP / TF1 Video
Pays : Chine