PUPA volume 1 de Sayaka MOGI

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Bien qu’ayant une famille, Utsutsu et Yume ne comptent que sur eux-mêmes. Entre un père violent et une mère absente, malgré la présence de leurs amis, c’est cette attitude qui leur donne la force de vivre. Or un jour, Yume croise des papillons rouges et se retrouve transformée en monstre cannibale. Son frère tente alors de l’arrêter tandis qu’une étrange jeune femme lui dit qu’il est trop tard : sa sœur a été contaminée par le virus Pupa et elle dévorera maintenant tous ceux qui l’approcheront. Malgré tout il tente sa chance mais se fait tuer. Néanmoins Yume redevient normale et si la femme la laisse partir, elle sait bien que sa vie ne sera plus jamais comme avant. Au bout de quelques temps, alors qu’elle n’accepte toujours pas la mort de son frère, elle sent qu’une nouvelle crise arrive. Or Utsutsu apparait et lui dit de le manger lui. Mystérieusement devenu immortel, il va dorénavant lui servir de nourriture vivante, seul moyen pour Yume de prendre un antidote contre le virus Pupa.

Avec ses 430 pages, ce manga est d’un format inhabituel, ce qui justifie son prix plus élevé (en fait Komikku va condenser en 3 tomes les 5 de l’édition japonaise). Cela lui permet de bien développer la relation entre Utsutsu et Yume, devenu encore plus « symbiotique » (voir dérangeante…) depuis leur contamination par le virus. Le fait de jongler entre leur point de vue respectif nous fait ressentir tous leurs doutes, au fur et à mesure de l’évolution de leur état. Les épreuves qu’ils vivent conjuguées aux craintes d’Utsutsu au sujet du comportement violent de son père dont il pourrait avoir hérité rendent leur situation encore plus précaire. Mais cela rend aussi plus important leurs petits moments de quiétude, même lorsque Yume est en train de manger son frère. Ces derniers ont aussi très fragiles car ils savent qu’une crise peut arriver à tout moment, même au milieu de leur amis qui ne se doutent de rien. Cependant si la fratrie est bien développée, on ne peut pas en dire autant pour tous ceux qu’ils rencontrent, quel que soit leur importance. Cela commence par leurs amis, à peine explicités, et leur père, dont la part d’ombre semble encore plus grande que ce qu’ils connaissent. Mais cela concerne aussi Marie et son organisation, l’autre groupe qui les a capturé (qui semble lié à l’armée), et dont un de leurs agents a un comportement très étrange, sans oublier le mystérieux jeune homme qui veut guider Yume vers la « Lumière ». En fait plus on avance dans l’histoire, moins on comprend ce qu’il se passe autour de nos 2 « héros ». Est-ce dans le but de nous faire nous concentrer uniquement sur eux ? Cela renforce en tout cas l’impression qu’ils sont embarqués dans un périple qui les dépasse totalement, nous aussi étant quasiment perdu face à ce qu’il leur arrive. Pour son premier titre, Sayaka Mogi nous livre un travail de qualité. L’histoire est très rythmée, alternant savamment moments de calme et de tension, avec de nombreux rebondissements. Le dessin est agréable, détaillé mais sans aller trop loin malgré les nombreux éléments gore, juste ce qu’il faut pour entretenir un certain malaise. Il est toujours dans le ton, renforçant l’action et le contexte. L’auteur joue aussi la carte de l’humour, en détournant certaines cases en fin de chapitre en leur donnant un tout autre sens (est-ce un moyen de nous faire respirer ?). Car il ne faut pas se tromper : cette histoire est très sombre, sanglante et dérangeante. Il reste quelques problèmes au niveau du fond (les explications sur tous ceux qui tournent autour de Utsutsu et Yume) mais l’ensemble donne clairement envie de vouloir découvrir la suite.

Fabrice Docher

PUPA volume 1 de Sayaka MOGI (2015)

Horreur / drame / violence, Japon, Komikku éditions, 434 pages, livre broché 12 euros

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