Punk Samouraï (… Raââh, je me meurs…) de Ko Machida

Chroniques tous

Un rônin, Kakari Jûnoshin, de l’ancien pays de Sakushû, arrive dans un village trucide un vieillard mal en point. Lorsqu’un samouraï du domaine local Kuroae lui demande la raison de son geste apparemment gratuit, le bourreau certifie que sa victime est un membre de la faction des Agitateurs de l’Épigastre. Celle-là même qui a gangrené la province voisine et a entraîné la chute du Daimyo. Alors, il conseille vertement à son interlocuteur de le conduire auprès de son maître afin de lui éviter pareille mésaventure. Lui sait comment vaincre la secte…

Pour être intégré comme samouraï, Kakari Jûnoshin fait face à une suite de péripéties plus rocambolesques les unes que les autres pour s’opposer à la montée en puissance de la secte. En cela, il est aidé par la horde d’un chef chimpanzé qui se prend pour un samouraï et parle communément le japonais ! Toute l’histoire est à l’avenant.

On l’a compris l’imagination foisonnante de l’auteur, Ko Machida, est sans limites. D’autant qu’elle est portée par un style extrêmement travaillé tout en restant limpide. Il mélange dans la même phrase des mots du Moyen-Âge avec d’autres des plus contemporains sans que cela ne choque. Tout comme il utilise, à bon escient, des vocables vulgaires ou soutenus selon les aventures qu’ils sous-tendent. L’auteur ne s’embête d’aucun style particulier si ce n’est le sien. À savoir : servir son histoire avec tous les moyens d’écriture à sa disposition. Seule l’efficacité de sa narration lui importe. Il chamboule le réalisme afin de nous faire partager un moment d’intense plaisir malgré l’extravagance dans laquelle il nous plonge.

Il faut dire que la traduction de Patrick Honoré atteint un haut niveau de limpidité dans la transposition. Quand on prend conscience de la complexité de l’histoire intriquée avec les différents niveaux de langage, on est saisi d’admiration par une telle réussite ! Pas étonnant que Ko Machida soit reconnu comme l’un des écrivains majeurs de la nouvelle génération des écrivains nippons et soit auréolé de nombreux prix littéraires déjà.

On en redemande !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Punk Samouraï (… Raââh, je me meurs…), Ko Machida, roman traduit du japonais par Patrick Honnoré, 389 p., 23€, éd. Actes Sud. En librairie le 3 mars 2021.

Évènements à venir