« Voici un livre aussi célèbre qu’obscur » observe Martine Valette-Hémery dans sa présentation de l’ouvrage. C’est que Hong Zicheng est un auteur mystérieux du XVIIème siècle. On ne sait rien de lui avec certitude. Il a écrit et compilé 135 maximes dans ces Propos sur la racine des légumes édités pour la première fois en 1607 à la fin de la dynastie des Ming (1368-1644).
À la lecture, ces « propos » nous apparaissent comme un condensé de liberté et d’harmonie en cette période de grand désordre. Et si l’auteur a laissé peu de traces dans son pays, il n’en est pas de même de son recueil aussi inoubliable qu’intriguant. Il ne cesse en effet d’être réédité dans de multiples formats et même en bande dessinée.
Ce qui fait son succès intemporel, c’est qu’il réunit les trois courants fondateurs de la spiritualité chinoise. Tout d’abord, le confucianisme plutôt chargé de structurer et de hiérarchiser les rapports entre les individus. Ensuite, le bouddhisme chan, religion étrangère dont se méfient les mandarins tout en lui empruntant sa métaphysique. Et enfin, le taoïsme qui est essentiellement porté vers l’individu épris de liberté, en osmose avec la nature. Ce syncrétisme représente la quintessence de l’art lettré chinois.
Sans véritable plan établi, on repère tout de même une première partie qui touche les rapports humains puis une seconde plus orientée vers la quête de la quiétude et de l’harmonie. Les aphorismes sont souvent construits sur des parallélismes ou des oppositions qui sont autant de métaphores du fonctionnement de la pensée et des alternances de la vie. « Un exploit vaste comme la terre est effacé par un seul mot, l’orgueil. Un crime immense comme le ciel est effacé par un seul mot, le repentir. »
Il est en définitive un concentré de pensées pour réussir sa vie. La dernière maxime se termine ainsi : « Accueillons paisiblement ce qui est notre lot et nous vivrons dans l’harmonie. »
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Propos sur la racine des légumes, de Hong Zicheng, traduit du chinois et présenté par Martine Valette-Hémery, 390 p., 9,95€, éd. Zulma poche.