Japon perdu Un dernier aperçu du beau Japon d’Alex Kerr paraît aux éditions Nevicata.

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À l’école primaire déjà, le jeune Américain Alex Kerr était fasciné par la culture extrême asiatique. Il apprend la calligraphie chinoise. Puis, suite à une mutation de son père soldat, au milieu des années soixante, il vit deux ans à Yokohama avec sa famille. Ce qui le met définitivement sur la route de l’empire du soleil levant.

Plus tard, à la fin de ses études à Yale en 1972, il fait un stage au Japon. Il y achète alors une maison traditionnelle dans la vallée d’Iya, très loin de Tokyo. Il la retape lui-même, à l’ancienne.

C’est d’ailleurs ce qui étonne le plus à la lecture de l’ouvrage : sa fascination pour ce Japon traditionnel. Comme il parle couramment la langue nipponne et est épaulé par un expert en objets anciens il devient tout naturellement antiquaire. Cela lui permet de s’immerger davantage dans la culture d’un autre temps.

Puisqu’elle est là, délaissée, il peut s’en emparer à vil prix. D’ailleurs, ce qui le surprend et le contrarie, c’est l’inintérêt des Japonais pour leur patrimoine. Leur seul but semble de bétonner partout où ils peuvent sans se soucier de l’esthétique, se désespère l’auteur.

Ce qu’il comprend surtout, c’est la qualité qui constitue le substrat de la culture japonaise comme le rapporte un de ses amis onnagata dans la postface. À savoir «  une perception du vague et de l’incertitude ». C’est ainsi que dans le chapitre consacré au Kabuki, il nous le fait apprécier de l’intérieur sans jamais être doctrinal, par intuition en somme. De même dans les chapitres « Calligraphie » et « Kyoto ».

Le but est bien de nous faire partager, avec une nostalgie non feinte, la quintessence d’un Japon perdu. Le tout avec une érudition pragmatique. Alex Kerr nous propose ici une approche fine, progressive et surtout personnelle. Ce qui séduira le lecteur attiré par le Japon mais qui ne sait trop comment l’aborder.

Une très belle découverte d’un éditeur belge que nous nous chargerons, à l’avenir, de mieux faire connaître.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

Japon perdu Un dernier aperçu du beau Japon d’Alex Kerr, traduit de l’anglais (États-Unis) par Guillaume Villeneuve, 320 p., 22€, éd. Nevicata.

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