Lise et Louis se rencontrent à Paris alors qu’ils sont étudiants. C’est le coup de foudre. Ils vivent ensemble quelques mois chez Louis, rejeton de la haute bourgeoisie parisienne. D’origine beaucoup plus modeste, Lise est éblouie. Mais la différence de milieu finit par l’emporter. Ils se quittent. Ellipse de huit années, chacun est marié, mais Louis fait en sorte de « retrouver » son amour de jeunesse…
Histoire somme toute banale, mais que Minh Tran Huy dynamise par l’éclatement de sa narration. Lise est morte au début du récit, immergée dans le lac du château d’Etambel. C’est elle qui raconte toutes les histoires, à l’exception de celle de Louis. Il y a, en effet, tous les personnages de chacune des familles, par rapport auxquels elle se positionne.
L’autrice en profite aussi pour dresser un portrait sans concession de la haute bourgeoisie parisienne au travers de Louis et son milieu. « Louis est beau, intelligent, déterminé ; il manque aussi d’imagination, de patience et de bienveillance. Il est très attentionné avec Lise à l’évidence, mais a tendance à diviser le monde en deux catégories : ceux qui méritent qu’il s’intéresse à eux, et les autres. » !
À la critique sociale, s’ajoute une extrême qualité d’analyse sur les motivations des personnages à agir ou à rester en réserve. Comme le père de Lise qui protège un secret de jeunesse. Ou comme sa mère qui projette ses névroses sur sa fille aînée. Mais aussi un rapport très fort au conte : il y a le château d’abord, les jeux d’enfants où Lise et sa sœur Liane devenaient princesses, et puis Louis qui est le prince charmant…
Mais la réalité reprend ses droits et le conte de fées devient cruel !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Les Inconsolés, Minh Tran Huy, 320 pages, 8,90€, éd. Actes Sud, Babel. En librairie le 4 mai.