Dans la banlieue terrestre (à une dizaine d’années-lumière), une étoile explose en supernova. À la suite de son effondrement, elle projette son enveloppe de gaz dans l’espace et atteint la Terre.
Si ce début du récit de L’ère de la supernova tient de la science, la suite résulte de l’imagination fertile de Liu Cixin (1) dans son domaine de prédilection : l’exofiction.
En effet, cette nébuleuse gazeuse est source de radiation qui contamine les humains de plus de treize ans. Les adultes ont ainsi à peine une année pour transmettre leurs savoirs à leurs enfants viables, avant de disparaître. Avec acharnement, ceux-ci déploient une infatigable soif d’apprendre afin de survivre à leurs parents.
Si dans les premiers mois de leur état d’abandon, les enfants remplacent les adultes, très vite la routine et la quantité de travail et d’apprentissage scolaire les poussent à renoncer. Et ceci d‘autant plus facilement que les adultes leur ont laissé une énorme quantité de vivres et de matériel en prévision de la pénibilité des premiers temps de leur solitude.
Sans plus de volonté pour le travail, les enfants retournent à leur première aspiration : le jeu.
De par le monde alors, se déroulent des fêtes à n’en plus finir. Mais l’ excitation retombe très vite. Il leur en faut toujours plus.
Si au début de leur rejet du comportement adulte, les enfants n’entendent pas se comporter comme eux, ils finissent pourtant par trouver un jeu de plus excitant : la guerre.
C’est alors que tous les pays juvéniles s’affrontent dans l’Antarctique décongelé. La disparition des adultes, n’était-elle qu’un pas en arrière sans lendemain pour l’humanité ? Les enfants ne feront-ils pas mieux que leurs parents ?
La dystopie de Liu Cixin, celle d’un monde d’enfants abandonnés à eux-mêmes, renvoie explicitement au magistral Sa majesté des mouches de William Golding. Il questionne aussi sur le futur de la technologie, avec l’utilisation de l’IA, de l’ordinateur quantique. Il pointe surtout le rapport de force qui émerge dans tout groupe humain, quelle que soit sa culture et son âge. À méditer donc pour un avenir meilleur.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
(1) Lire notre chronique de Terre errante https://asiexpo.fr/terre-errante-de-liu-cixin-parait-chez-actes-sud-exofictions/
L’ère de la supernova, Liu Cixin, traduit du chinois par Gwennaël Gaffric, format 14,5X24cm, 512 pages, 24€, éd. Actes Sud, coll. « Exofictions », paru le 7 février 2024 en librairie.