Le roman de l’auteur japonais à succès, Arimasa Ôsawa, Le Requin de Shinjuku, se déroule à Tokyo dans les années 90. Le protagoniste, Samejima, est un policier qui enquête seul suite à une mise au placard dans le commissariat de l’arrondissement chaud de Shinjuku. Il est incorruptible. Grâce à des documents compromettants pour ses collègues, il peut rester dans la police bien qu’elle le tienne à distance. Toutefois, elle ne lui permet aucun faux pas.
À partir de ce contexte tendu, le récit nous entraîne dans deux enquêtes parallèles. Celle de Samejima le lance à la poursuite d’un fabriquant d’armes artisanales. Celles-ci sont très prisées par la pègre japonaise : les yakuzas. Raison de plus, pour le protagoniste, de détester ces criminels qu’il tente par tous les moyens à mettre sous les verrous.
La seconde investigation cherche à débusquer l’assassin de plusieurs gardiens de la paix en pleine rue du fourmillant quartier. La police est à la peine, tandis que le héros est sur les traces de l’artisan hors la loi.
Le récit ne se contente pas de nous présenter les luttes interne au sein de la police. Compromission et laxisme gangrènent l’efficacité des services. En effet, Samejima a une petite amie rockeuse, Shô. Elle est sexy a souhait, mais peu commode. Toutefois, ils ne s’entendent pas trop mal. Elle accepte même qu’il écrive des paroles pour son groupe.
Après avoir âprement conclu son enquête, par l’intermédiaire involontaire de Shô, il se retrouve au cœur de la course poursuite avec l’assassin. Ce dernier semble, en effet, s’intéresser de très près à la jeune femme. Les trois personnages se retrouvent ainsi au même concert. Samejima saura-t-il intervenir à temps pour contrecarrer le projet du criminel ?
Le roman, sous forme de course poursuite, nous interpelle par sa sagacité à traduire les rapports de forces des différents services de police. La jalousie et les coups bas y sont monnaie courante. Tout autant, d’ailleurs, que la singularité du quartier chaud de Shinjuku rendu de façon réaliste et menaçante.
On remarque aussi les excellentes chutes de chapitre qui démontrent combien Arimasa Ôsawa est passé maître dans l’écriture.
La confusion entretenue par l’auteur entre l’assassin et un mystérieux personnage tout au long du roman donne une tension inattendue au récit. Elle brouille savamment les pistes pour tenir le lecteur en haleine. Et l’entraîne à se poser de nombreuses questions à l’instar du protagoniste.
Un roman noir des plus réussis, où les hors-la-loi ne sont pas toujours ceux à qui l’on pense.
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Le Requin de Shinjuku d’Arimasa Ôsawa, 2020, 320 pages, 18€, éd. l’Atelier Akatombo.