La diplomatie du ping-pong d’Alcante et Alain Mounier paraît aux éditions Delcourt.

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1971, un hippie rapproche la Chine et les États-Unis. C’est par ce sous-titre volontairement inattendu que l’on entre dans un épisode méconnu de l’histoire des relations diplomatiques entre les 2 pays.

En effet, depuis l’avènement de la République Populaire de Chine, en 1949, sous la houlette de Mao, les rapports sont glacials. À la Maison blanche, Kissinger et Nixon se demandent comment provoquer le dégel.

Et il viendra inopinément des Championnats du monde qui se déroulent cette année 1971 à Nagoya. C’est encore par hasard que Glenn Cowan, jeune hippie qui veut « devenir une star et œuvrer pour la paix dans le monde » intègre l’équipe nationale de ping-pong. Personne, d’ailleurs, ne croit en cette équipe de « bras cassés », plus intéressée par le charme nippon que par les entraînements auxquels s’astreignent, au contraire, les joueurs chinois.

Et si le président de l’ITTF soutient que « le ping-pong et la politique n’ont rien à voir », il se trompe ! En effet, ces 31èmes championnats du monde marquent le grand retour des Chinois dans cette compétition et le duel sino-japonais y est très attendu. Mais c’est le rapprochement totalement improbable entre un triple champion du monde Zhuang Zedong et le médiocre Glenn Cowan qui défraie la chronique. L’amitié sino-américaine, photo à l’appui, s’affiche à la une des journaux du monde entier. Tant est si bien que les autorités chinoises invitent la délégation étasunienne à « faire une tournée en Chine » !

De rencontres amicales en découvertes du pays, les relations diplomatiques se dégèlent et aboutissent même à l’entrée de la Chine dans l’ONU, le 25 octobre 1971.

Même s’il admet prendre quelques libertés avec la vérité historique, le scénariste Alcante rend bien compte de l’état d’esprit du moment et de la « diplomatie du ping-pong » qui devient un véritable concept à la suite de cet événement. Ou, comment des rencontres sportives entre nations en conflit permettent un rapprochement informel. La dernière en date étant, bien sûr, celle de janvier 2018, entre les 2 Corées. L’album est très pédagogique voire didactique, mais il est aussi assez drôle et se lit avec grand plaisir tant les personnages sont attachants.

Le dessin d’Alain Mounier, à la fois très réaliste et coloré voire flashy dans la confrontation des différents univers devient très esthétique dans son traitement des décors naturels à l’aide de l’aquarelle. Il pointe bien les particularités de de chaque groupe.

Une belle leçon se dégage aussi de cette rencontre improbable entre un pongiste américain pétri de valeurs individualistes et un champion « rééduqué chinois ». « Chacun peut apprendre de chacun ». Cela rend humble.

Notons aussi la sortie de l’intégrale de Petite forêt, le manga de Daisuke Igarashi (1) publié au Japon en 2004 2005 et resté longtemps indisponible en France. Il s’agit d’un récit tout en poésie et en douceur qui met en scène la jeune Ichiko de retour à la campagne. Dans son petit village, elle vit simplement, proche de la nature et des richesses qu’elle lui offre. Elle invite à la contemplation, au partage et aux joies simples du quotidien. Remèdes infaillibles à la dureté du monde.

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) Petite forêt, scénario et dessin de Daisuke Igarashi, 352 pages, 15,99€. En librairie le 22 mai 2024.

La diplomatie du ping-pong, récit complet, scénario d’Alcante et dessin d’Alain Mounier, 226 X 298 mm, 112 pages, 23,95 €, éd. Delcourt. En librairie le 2 mai 2024.

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