Le massacre de Nankin décembre 1937 – mars 1938 de Kasahara Tokushi paraît en librairie.

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À la suite d’un raid aérien peu commun, la marine impériale entraîne le Japon dans une guerre totale avec la Chine le 13 décembre 1937. D’autres bombardements suivent et finissent par isoler le Pays du Soleil Levant de la scène internationale. Toutefois, il n’en a cure. Tout comme les commandants de l’Armée qui n’écoutent pas leurs supérieurs à Tokyo. Ici, pointe la première cause des exactions japonaises dénoncées par Kasahara Tokushi dans son essai, Le massacre de Nankin.

En effet, de leur propre chef, les militaires veulent, en majorité, que le corps expéditionnaire guerroyant à Shanghai se porte sur Nankin, la capitale chinoise. Le contingent devient alors l’Armée de Chine centrale à laquelle s’ajoute la Xe Armée plus la flotte de Chine. Ils comptent assiéger la ville et la faire tomber pour punir l’Empire du Milieu de son arrogance à résister aux soldats nippons. En cela, ils désobéissent aux ordres de l’État-Major peu enclin à poursuivre la guerre et encore moins favorable à la prise de la cité abandonnée par Chiang kaishek.

La deuxième raison s’incarne dans la personne de Fumimaro Konoe. Le premier ministre est sous la coupe de l’Armée de terre. Il dit “amen” à tous ses souhaits et elle en profite sans scrupules.

La troisième cause vient du fait que les réservistes de Shanghai, au lieu d’être relevés, sont dirigés, mécontents et indisciplinés, vers le siège de Nankin. L’impréparation de l’attaque s’ajoutant aux précédentes composantes transforment ces simples appelés en hordes criminelles prêtes à fondre sans aucune retenue sur la population chinoise sans défense.

C’est ce que nous montre avec une rare acuité, Kasahara Tokushi dans son impartiale argumentation. Il s’ensuit une description des exactions commises par ces soldats, toutes plus intolérables les une que les autres. Les officiers lâchant la bride pour amoindrir les tensions au sein des régiments.

D’une rigueur admirable, la traduction fait ressentir dans toute son abjection les ignominies engendrées par la suffisance des officiers généraux. Plusieurs d’entre eux, d’ailleurs, seront condamnés au procès de Tokyo, en 1948, pour crime de guerre, et pendus.

Un ouvrage édifiant sur la bête immonde tapie dans l’être humain, mais néanmoins salutaire par ces temps vacillants.

Notons la sortie chez les mêmes éditeurs du conséquent essai Caricatures en Extrême Orient, origines, rencontres, métissages sous la direction de Laurent Baridon et Marie Laureillard (1). Une plongée érudite et substantielle dans la vision déformée d’autrui qu’est la caricature. L’édition est agrémentée d’une multitude d’illustrations provenant de divers pays asiatiques. C’est une mine !

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) 424 pages, 38€.

Le massacre de Nankin de Kasahara Tokushi, traduction d’Arnaud Nanta, 276 pages, 22€, collection “Asie en perspective”, éd. Maisonneuve et Larose, Hémisphères.

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