Le clan des Otori est adapté en bande dessinée. Et c’est le troisième tome qui revisite la célèbre saga de Lian Hearn, dernier opus issu du silence du rossignol d’après le scénario de Stéphane Melchior et les dessins de Benjamin Bachelier. Ils avaient déjà collaboré à une adaptation de « classiques » contemporains pour leur Gatsby le magnifique en 2013.
La première planche, tout en rouge et noir, donne le ton de l’album : sombre et violent. Kaede, promise au seigneur Otori Shigeru n’a pas le moral et songe à se suicider. Son prétendant n’a aucune chance d’échapper à ses agresseurs nombreux et fourbes. Quant à Takeo, le fils adoptif de Shigeru, sa volonté de tuer le seigneur Iida est mise à mal par son emprisonnement. Les membres de la Tribu, le clan auquel il appartient de par ses parents, veut à tout prix le récupérer !
Le ton est donc à la mélancolie, voire la déprime. En effet, les deux jeunes amoureux : Takeo et Kaede voient leur idylle malmenée. Ils ne parviendront peut-être même pas à s’unir charnellement.
Et cette mise en images est encore une réussite ! Nos 2 auteurs parviennent toujours à transcrire la magie du personnage de Takeo et de tous les membres de la Tribu en les transformant en renards au pelage flamboyant. Ils ajoutent à leur bestiaire la fragilité du martin pêcheur face à la hideur du serpent crotale. Confrontation entre le seigneur Iida qui veut profiter de la beauté et de l’ingénuité de la jeune Kaede avant de la tuer. Le mélange homme/bête, l’alternance de plans d’ensemble, gros plans et inserts rend la scène haletante et dynamique.
Les références graphiques et picturales sont très affirmées. Quand Kaede a des idées de suicide, c’est l’Ophélie des Préraphaélites que convoque Benjamin Bachelier. L’ukiyo-e transparaît aussi dans de nombreuses vignettes notamment dans la représentation de kimonos, de paravents, mais aussi dans le vol nocturne de 3 grues ou encore une rencontre, dans une barque, sous un pont.
Un graphisme affirmé, des couleurs vives rehaussées de traits noirs. Le recours au bestiaire et à l’imagerie traditionnelle du Japon et d’ailleurs pour traduire la violence, la ruse ou le désespoir incarnent à merveille cette fin de cycle plus sombre que jamais.
On attend toujours la suite avec impatience !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
Le Clan des Otori : Le Silence du rossignol Tome 3 de Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier d’après l’œuvre de Lian Hearn, 96 p., 230X310 mm, 17, 80 €. En librairie le 05 10 2022.