Le château solitaire dans le miroir de Keiichi Hara sort en salle.

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On l’a découvert au festival international du cinéma d’animation d’Annecy dans la touffeur d’un soir du mois de juin dernier. On avait déjà beaucoup aimé sa Miss Hokusaï indépendante et féministe avant l’heure. Et puis encore avant il y avait eu Colorful et Un été avec Coo, des anime toujours d’une extrême délicatesse. Le château solitaire dans le miroir est de ceux-là.

La jeune Kokoro n’est pas à l’aise au collège. D’une timidité extrême, elle peine à se faire des amis. De plus une camarade, Sanada lui joue de sales tours. Bref, l’établissement devient un enfer, elle fait une phobie scolaire et reste à la maison. Un jour, le miroir dans sa chambre se met à scintiller. Quand elle l’effleure, elle se retrouve dans un formidable château digne d’un conte de fées, telle Alice au pays des merveilles. Elle est accueillie par une mystérieuse fillette affublée d’un masque de loup qui lui explique les règles du jeu : elle a un an pour trouver une clé qui lui permettra de réaliser un vœu. Mais Kokoro est la septième candidate : six autres adolescents l’attendent pour commencer leur quête fantastique. Et un seul vœu sera réalisé.

À travers cette intrigue solidement charpentée qui emprunte à la fois au conte : des règles très précises avec des interdits, le loup qui effraie, les Petits Chaperons rouges, le château ; mais aussi au fantastique : les différentes temporalités, le film nous parle d’un sujet éminemment d’actualité. En effet, la chronique sociale est toujours en arrière plan et prend le pas par instant. Les 7 adolescents ont ce point commun d’être tous en rupture de ban avec leur collège pour des raisons diverses que nous ne dévoilerons pas. Le film parle ainsi, à travers un récit d’aventures, de harcèlement, phobies scolaires et autres plaies adolescentes de la société nipponne, mais pas seulement.

L’animation de Keiichi Hara épouse formidablement le roman phénomène de Tsujimura Mizuki (1). Elle se fait classique pour les scènes de la vie quotidienne. Elle devient très dynamique à travers des rendus graphiques d’une inventivité inattendue dans le fantastique et le conte : le loup flamboyant, les métamorphoses de l’escalier, la représentation de la coopération des 6 adolescents pour sauver la 7ème. Ces rendus concourent à dynamiser l’intrigue et la mener crescendo jusqu’à la fin.

Ou quand le fantastique permet d’aborder des sujets ultra sensibles des relations adolescentes.

Notons que le roman est aussi décliné en manga. 5 tomes réalisés par Tomo Taketomi au dessin et Tsujimura Mizuki, elle-même au scénario, sont à paraître chez Nobi Nobi. Les 2 premiers sont sortis respectivement le 3 mai et le 23 août derniers (2).

Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON

(1) roman de Mizuki Tsujimura de 2017. Une nouvelle édition collector sortira le 23 août chez Milan à 20.90€.

(2) 7,20€ par tome.

Le château solitaire dans le miroir, scénario et réalisation : Keiichi Hara, 1h 56, en salle le 6 septembre.

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