Jeune homme un peu paumé ayant fricoté d’un peu trop près avec la femme d’un yakusa, Yoshiki est sauvé par une mystérieuse jeune femme. Souhaitant la retrouver, il finit par découvrir que « Julia » est une prostituée tenant à rester discrète. Mais fasciné par elle, Yoshiki tient à faire ce qu’il faut pour qu’il reste ensemble. Recherche de travail, d’appartement, il s’implique vraiment pour que leur relation dure. Mais la jeune femme, derrière son sourire, cache de nombreuses zones d’ombres… Pendant ce temps, l’inspecteur Tomiyama et son jeune collègue Mikawa enquêtent sur une mort étrange où la victime a été vidée de son sang. Plus ils découvrent des choses, plus les implications semblent aller loin. Et l’intérêt que porte le trouble sur cette affaire ne va pas en les rassurant…
Depuis que Yûsuke Ochiai est édité en France, nous savons qu’il n’a pas son pareil pour poser une ambiance. Que ce soient des scènes du quotidien, des dialogues entre yakuzas ou une conversation autour d’un feu, un simple détail vient parfois déranger l’ensemble et c’est toute l’atmosphère qui change. Même si ce n’est pas lui qui est l’origine du scénario comme dans « Anguilles démoniaques », il arrive très bien à générer un sentiment de malaise au sein d’une scène banale. Il ne faut non plus oublier les personnages qui, derrière une façade normale, cachent parfois un lourd secret. Et des secrets, il y en a beaucoup dans cette histoire. Mais pour entrer au cœur de celle-ci, je suis obligé d’en dévoiler un : Julia (ou plutôt Benisuzu) est un vampire ! Nous ne savons pas grand-chose de sa condition à part qu’elle doit se nourrir de sang régulièrement et qu’elle est bien plus forte qu’un homme. Des flashbacks la présentent comme violente et instable mais depuis la mort (?) de son petit ami Kinji, elle se fait discrète. Elle tente de se racheter et profite de son travail de prostituée pour prélever du sang à ses clients à leur insu. Malgré son passé et ce qu’elle est, elle tente de mener une vie normale. Mais il y a d’autres vampires qui semblent à sa recherche même si nous ne savons pas encore pourquoi. Membres d’un clan de yakuzas, ils auraient des liens avec l’assassinat sur lequel travaille l’inspecteur Tomiyama et qui ne serait pas le premier du genre. Nous suivons donc pour le moment 2 histoires assez indépendantes et le lien entre elles n’est pas clair, à part Benisuzu. Ce qu’implique la fin du tome risque par contre fort de bousculer le rythme du récit, qui devrait devenir beaucoup plus violent et sombre, et ce alors qu’il l’est déjà. Mais le plus étonnant est que nous ne pouvons pas vraiment deviner comment il va évoluer. Là revient l’importance de l’ambiance car si Benisuzu et Yoshiki sont presque sur un petit nuage, leur mode de vie et travail mis à part, on sent petit à petit les ennuis se rapprocher d’eux, tandis qu’ils grandissent. Le dessin très réaliste, sans trame, précis mais sans fioriture, participe lui aussi à la noirceur de l’histoire, qui est peu visible et pourtant palpable. Le second et dernier tome devrait être explosif et savoureux.
Fabrice Docher
L’ANGE DE L’OMBRE (AYAKASHI NO HANA) volume 1 de Yosuke OCHIAI et Tetsuya HONDA (2016)
Comédie / sport, Japon, Komikku éditions, mai 2017, 256 pages, livre broché euros