Depuis 1880, à l’instar des autres pays européens, l’Allemagne s’est taillée un empire colonial. Il s’étend jusqu’en Extrême-Orient et dans la partie sud-ouest du Pacifique. À l’amorce de la mondialisation, son immensité lui permet de commercer jusqu’en Chine. Elle y occupe la concession de Tsingtao. Sa marine de guerre protège l’ensemble. Elle est la clé de la présence allemande dans le Pacifique.
Au commencement de la Première Guerre mondiale, les possessions allemandes sont défendues par des forces insuffisantes et éparpillées. Le tout sur une immense surface. Aussi, dès la fin août 1914, les pays de l’Entente (la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Angleterre, la France puis le Japon) investissent ces fragiles territoires. En quelques mois, les Alliés les occupent tous. L’Allemagne est évincée de ce côté du globe. Mais pour les Occidentaux, un autre rival s’active au mieux de ses intérêts bien compris.
Si, à l’amorce des hostilités, les Occidentaux considèrent le Japon comme un renfort nécessaire, très vite, ils cherchent à l’évincer des territoires qu’il occupe. En effet, fort de la puissance de sa marine et de son armée, l’Empire du Soleil Levant conquiert à tout va ! Ainsi de nombreuses îles germaniques mais aussi la concession chinoise et la péninsule de Shandong. Mais la Nouvelle-Zélande et l’Australie, notamment voient d’un mauvais œil ces conquêtes. Elles se sentent ainsi menacées par l’expansionnisme nippon.
Pris d’une furieuse nécessité de rivaliser avec les empires occidentaux, le Japon continue sur sa lancée conquérante de Port Arthur et de Tsushima en 1905. À juste titre, la prétention nipponne finit par inquiéter aussi les USA à la suite de leur entrée dans le conflit mondial. À la fin des hostilités, Ils seront les arbitres afin de contraindre les Japonais à placer leurs prises sous l’égide de la Société des Nations. Rien n’y fait. S’ils restituent leurs prises chinoises, les impérialistes nippons conservent les îles du Pacifique nord contre vent et marée. Ils introduisent de fait une menace. Non seulement pour les dominions britanniques au sud mais également pour les États-Unis en plein Pacifique. Le futur leur donnera raison.
Dans un style clair et didactique, l’ouvrage de Maxime Reynaud, diplômé de Science Pô Lyon, nous permet de bien suivre le jeu du chat et de la souris que l’empire du Soleil levant mena avec les Occidentaux pendant leur alliance. On regrette juste le peu de cartes. Elles auraient permis de mieux appréhender les enjeux stratégiques qui se mirent en place à ce moment-là.
Un très bon support d’étude géostratégique qui nous aide à mieux comprendre les enjeux d’aujourd’hui dans la zone Asie-Pacifique !
Camille DOUZELET et Pierrick SAUZON
La Première Guerre mondiale dans le Pacifique De la colonisation à Pearl Harbor, Maxime Reynaud, éd. Passés / Composés, 350 p., format 14X20 cm, 23€. www.passes-composes.com