J-POP ou J-ROCK que se cache derrière ces termes ?
Asiexpo, juste avant le 1er LYON J-MUSIC FESTIVAL qui réunira cinq groupes japonais ou japonisants le 31 mai 2008 au CCO de Villeurbanne, explore une nouvelle facette de la culture japonaise
La musique japonaise, répertoriée de manière générale sous le nom de “J MUSIC”, ne cesse de prendre de l’ampleur en France (et ailleurs), surtout ces derniers temps avec l’apparition de concerts réguliers sur Paris, de revues spécialisées grand public, …
Liée dans un premier temps à l’apparition et l’essor de l’animation japonaise, c’est maintenant au tour de la production globale de franchir nos frontières et de susciter un intérêt grandissant.
Cependant, cette production est tellement gargantuesque que nous n’en voyons qu’une infime parcelle, le marché du disque japonais étant reconnu comme le plus dense au monde (avec les USA), c’est pourquoi nous allons vous présenter les deux principaux genres (aussi bien au Japon que ce qui arrive en France ) que sont la “J-POP” (pop japonaise) et le “J-ROCK” (rock japonais).
LA J-POP DES ANNEES 2000 à NOS JOURS
A partir des années 2000, la pop s’émancipe et laisse aussi de ses parts de marché à d’autres styles qui ont de plus en plus d’adeptes : hip hop, r’n’b, électro,… De nouvelles tendances apparaissent, musicales, vestimentaires et donc de nouvelles égéries, même si les meneuses de l’ancienne génération citées précédemment, entre autres, arrivent à se renouveler et à rester dans la course aux charts.
Dès la fin des années des années 90, tout début des années 2000, de nouvelles figures se détachent et la pop commerciale va être révolutionnée (enfin dans la forme, pas dans le fond qui reste très classique) : les MORNING MUSUME, groupe de cinq jeunes filles somme toute très classique, font leur apparition.
Produites par TSUNKU (ex-chanteur du groupe pop-rock SHARAN Q très connu dans les années 90, ils avaient interprété le générique de fin de l’anime “D N A 2”) qui souhaite assurer ses arrières depuis l’arrêt de son groupe fétiche, les “MOMUSU” (surnom officiel) attirent assez vite de nombreux adeptes. Dans le groupe d’origine, des noms désormais connus sont présents : Goto Mahki, Abe Natsumi, Nakazawa Yuko.
Mais le concept du groupe est l’évolution : de cinq membres, le groupe va passer à sept, huit, neuf puis douze. Avec le temps, cela devient un véritable troupeau où chacun saura trouver sa petite préférée. En plus d’enchaîner les tubes (“DAITE HOLD ON ME ! ”, “FURUSATO”, “LOVE MACHINE”, “KOI NO DANCE SITE”, “HAPPY SUMMER WEDDING”, …), on les voit partout et chaque départ de membres (raisons scolaires, divergences musicales, surpris avec leur petit ami ce qui est très mal vu au Japon pour une pop-star) précède l’arrivée d’une nouvelle mouture du groupe, ce qui évidemment entretient le potentiel commercial.
Malheureusement, d’un son pop rock sympathique des débuts, elles ont au fil des ans viré au grand n’importe quoi musical, avec des titres de plus en plus dénués d’intérêt et des membres de plus en plus jeunes… Certaines comme Mahki Goto sont devenues de véritables stars, mais rares sont celles qui ont su bien gérer l’après MOMUSU. Sans compter les multiples unités, sous-divisions des MOMUSU, qui forment des petits groupes saisonniers afin de décupler les ventes. Citons les “COUNTRY MUSUME”, “PETIT MONI”, … mais aucun de ces groupes ne rencontre de grand succès commercial comme les MOMUSU au complet.
Néanmoins, elles continuent de nos jours même si leur activité a beaucoup diminué : elles commencent à passer de mode, le système japonais étant cruel et impitoyable.
DISCOGRAPHIE SELECTIVE : FIRST MORNING (1999), SECOND MORNING (2000), THIRD MORNING – PARADISE (2001).
LE J-ROCK DES ANNEES 1990 à 2000
Le rock au Japon a toujours eu un très gros public, et nombre d’artistes internationaux ont là-bas un public transi et fidèle, ce qui explique les nombreuses sorties d’albums ou EP “Japan only”, uniquement destinés au marché national.
Le rock japonais s’inspire beaucoup de l’univers pop, au niveau des mélodies, mais il y a aussi de dignes représentants du rock à guitare viril avec un côté flamboyant toujours marqué. Deux groupes mythiques sont à retenir et n’auront pas dépassé les années 90, frères ennemis qui resteront gravés dans les mémoires à jamais, posant toutes les bases qui vont influencer les générations à venir : X JAPAN et LUNA SEA.
X JAPAN étant déjà traité dans la partie “VISUAL KEI” (Rock visuel) d’un autre article à venir, nous nous attarderons ici sur l’autre groupe phare de cette période : LUNA SEA.
Les LUNA SEA ont commencé à la fin des années 80, avec leur premier album éponyme “LUNA SEA”. Groupe de cinq membres issus de la même scène que X JAPAN, ils étaient, tout comme eux, très axés look visuel au début pour ensuite se tourner vers un style plus fédérateur (aussi bien au niveau de leur look que musicalement).
Très souvent comparés à leur “grand frère”, leur musique est néanmoins différente, moins heavy et plus rock sur la longueur. Mélangeant à la perfection les influences internationales avec leur sensibilité japonaise propre, ils sont considérés par beaucoup comme le groupe de rock japonais ultime, et ont écrit quelques-uns des titres les plus marquants du genre (“ROSIER”, “DESIRE”, “TONIGHT”, …)
Pendant la durée d’existence du groupe, tous les membres, comme pour X, ont tenté des carrières solos et diverses collaborations qui ont pour la plupart bien fonctionné, le chanteur Ryuichi Kawamura étant celui qui avait le mieux vendu en solo.
Malheureusement, les problèmes d’ego ont eu raison du groupe, et à l’aube de l’an 2000, LUNA SEA, un des derniers pionniers du genre (les autres encore en activité se comptent sur les doigts d’une main) se sépare en donnant un très beau concert d’adieu au Tokyo Dome devant 50 000 personnes, le “FINAL ACT”. Ils ont, avec X, façonné toute la scène rock des années 90 et comme X, ils sont au Japon considérés comme étant à la base de tout ce qui se fera ensuite.
DISCOGRAPHIE SELECTIVE : IMAGE (1992), EDEN (1993), MOTHER (1993), STYLE (1996), SINGLES HISTORY (1997).
Un autre grand groupe, toujours en activité de nos jours et avec un nom français tellement kawaii (mignon) : L’ARC EN CIEL.
A ses débuts en 1993 avec l’album DUNE, ce groupe de cinq membres se situe à mi-chemin entre le groupe de rock classique et le groupe pop, avec un look très travaillé qu’ils abandonneront sitôt passés professionnels (en 1994). En somme, LARUKU (surnom du groupe) c’est de la pop avec un son et un esprit rock. Menés par leur charismatique leader HYDE (à ne pas confondre avec HIDE de X JAPAN), L’ARC enchaîne les tubes tout au long des années 90, et ce jusqu’à nos jours. Doté d’un sens de la mélodie hors pair, HYDE, qui écrit la majorité des titres, sait avec son groupe explorer de multiples recherches musicales, avec une nette préférence pour les perles pop qui exaltent les sentiments et font chavirer les cœurs (“FLOWER”, “BLURRY EYES”, “KAZE NI KIENAIDE”, “THE 4th AVENUE CAFE”, …).
Mis à part une petite mauvaise passe en 1996 où leur terrible batteur, Sakura, s’est fait arrêter en possession de drogues (ce qui est très grave au Japon) ce qui a eu pour effet de faire retirer tous leurs cd du commerce pour une durée de deux mois, le groupe n’a jamais connu que le succès (ils ont sorti, en 1999, deux albums distincts, “ARK” et “RAY” le même jour !), et HYDE poursuit de nos jours, en plus de LARUKU, une carrière solo plutôt orientée métal couronnée de succès. Il joue également dans des dramas (feuilletons japonais), pose pour de nombreuses photographes (il est considéré comme un sex-symbol absolu au Japon, au même titre que GACKT et KEN HIRAI) comme la majorité des vedettes de la chanson.
DISCOGRAPHIE SELECTIVE : TIERRA (1994), HEAVENLY (1995), TRUE (1996), ARK et RAY (1999), THE BEST OF L’ARC EN CIEL (2000).
Parmi les “dinosaures” des années 90 qui ont su traverser le temps avec succès et qui sont toujours en activité, nous ne pouvons que rendre hommage aux groupes cultes que sont B’Z (parmi les plus gros vendeurs de l’histoire du J-ROCK), GLAY (très gros vendeurs également, surtout dans les années 90), PENNICILIN,… la liste est longue.
LE J-ROCK DES ANNEES 2000 à NOS JOURS
A L’aube du millenium, le rock lui aussi évolue, et les grands groupes de rock de la décennie précédente ont pour la plupart disparu. Dorénavant, excepté pour le “VISUAL KEI” que nous verrons après, les noms à retenir sont plutôt féminins, un savant mélange de douceur et de talent mélodique lié à un esprit rock avec toutes guitares dehors (ANNA TSUCHIYA, NANASE AIKAWA, OLIVIA).
Commençons dans les immanquables par la plus excentrique : RINGO SHIINA.
Elle débute sa carrière à la toute fin des années 90 et se fait immédiatement remarquer. Avec la sortie de son premier album “MUZAI MORATORIUM”, elle reçoit des critiques élogieuses de toutes parts et envahit les classements. A mi-chemin entre la pop commerciale et indépendante, sa musique et son style sont immédiatement reconnaissables, ce qui est rare au Japon.
Elle est admirée par des gens très différents, de DIR EN GREY à YUKI de JUDY & MARY, tout le monde adore son côté iconoclaste et décalé, un peu (beaucoup) dérangé aussi. Sur scène, elle n’hésite pas à apparaître à moitié nue, entourée de bandelettes tachées de sang, pour vous donner une idée… Bien loin de la petite idole pop japonaise bien sage quoi.
Sa carrière solo sous son nom est assez courte, bien que ses hits soient nombreux (“HONNOH”, “KOKO DE KISS SHITE”, “SHINJUKU”, …) puisqu’elle ne va sortir que trois albums (dont deux absolument indispensables à tout amateur de pop japonaise indépendante) et lance en 2005 son nouveau projet musical, sous la forme d’un groupe : TOKYO JIHEN (JIHEN signifiant accident).
Avec ce nouveau concept, Ringo Shiina s’éloigne de ce qu’elle faisait auparavant, tout en gardant le même esprit. Doté d’un groupe très impressionnant et d’un duo de guitaristes démentiel, on a affaire ici à du rock tendance pop TRES grande classe. C’est une nouvelle fois le triomphe et leur deuxième album “ADULT”, sorti début 2006 est couronné d’un succès absolu : Meilleure vente pendant plus d’un mois, critiques unanimes, un chef-d’œuvre qui ne laisse augurer que du meilleur pour la suite de sa (jeune) carrière.
DISCOGRAPHIE SELECTIVE : MUZAI MORATORIUM (2000), SHOJO STRIP (2001) pour sa carrière sous son propre nom ; ADULT pour son groupe TOKYO JIHEN.
Le playboy de ses dames, celui que tout condamnait au début de sa carrière et qui a fini, par son talent et sa persévérance par être un des plus gros vendeurs du Japon, un des plus idolâtrés aussi : GACKT.
La réaction typique d’une personne de sexe féminin entendant le nom de GACKT est généralement un cri suraigu proche de l’ultrason, suivi de pleurs/évanouissements. Oui, GACKT est beau, c’est le moins que l’on puisse dire, mais il est surtout très doué. Il pratique le violon et le piano depuis tout petit, écrit quasiment tous ses textes ainsi que les musiques. Fin mélomane, il a ce point en commun avec MANA, leader et créateur du plus grand groupe de rock visuel des années 90, MALICE MIZER, le groupe dans lequel il a commencé en tant que chanteur.
Malheureusement (ou heureusement) pour GACKT, les problèmes d’égo l’ont poussé à quitter le groupe et à se lancer dans une carrière solo avec un nom emprunté à la littérature française : MIZERABLE. A l’époque, tout le monde pense que GACKT est fou de quitter un groupe en pleine ascension comme MALICE MIZER, et peu de gens croyaient à un succès solo.
Il a eu raison, et si les ventes de MIZERABLE ne sont pas phénoménales, les critiques du disque sont très enthousiastes et honorifiques. Le vrai succès commercial viendra avec son premier album “MARS” en 2000, et ne le quittera plus. Tous ses singles sont immanquablement dans les meilleures ventes, et ses albums premiers des classements. Au Japon, il est aussi connu que ZIDANE en France, pour avoir une idée. Certaines de ses chansons sont de réels tubes, et sa chanson de Noël “ju-ni gatsu no love song” sera déclinée en mandarin, et pékinois, puisqu’il est également très connu et populaire en Asie (il a quand même servi de modèle au design du héros de “FFVII: Advent Children!! ”). Il a aussi tourné dans un film avec l’autre idole des japonaises, HYDE de L’Arc en Ciel, intitulé “MOONCHILD” (taux de présence féminine dans les salles de cinéma proche de 99.9%, les autres s’étant perdues).
Musicalement, il oscille entre le vrai jrock à l’ancienne (guitares meurtrières, mélodies imparables) et la pop très haut niveau. Auteur/compositeur/interprète (bonjour les droits d’auteurs) de la majorité de ses titres, chaque livraison musicale de sir GACKT est toujours de grande qualité, et depuis son dernier cd “DIABOLOS” et ses dernières collaborations (Z-GUNDAM, FINAL FANTASY), il se redirige vers un son plus rock mais toujours très mélodique. Etant encore assez jeune, Gackt a encore une longue carrière devant lui. Ah oui, dernière petite chose : il adore la France, et souhaite y venir en concert très prochainement…
DISCOGRAPHIE SELECTIVE : MIZERABLE (1999), MARS (2000), MOON (2002), CRESCENT (2003), DIABOLOS (2005).
Enfin, même si nous n’avons pas la place de développer davantage ici, n’oublions pas, dans les représentants modernes Tsuchiya Anna (interprète récemment du générique de début de l’anime de NANA), Nanase Aikawa (qui après plus de 10 ans de carrière s’est complètement tournée vers le rock, avec pour partenaires scéniques les ex guitaristes de MEGADEATH Martin Friedman et Shinya, ex LUNA SEA entre autres), la petite OLIVIA (elle aussi interprète pour l’anime de NANA, son dernier album “THE LOST LOLI” est tout simplement phénoménal, surtout au vu de son jeune âge), … la liste est longue, la nouvelle génération arrive et apporte des idées, sans pour autant mettre l’ancienne au placard… et le J-ROCK a encore de belles et longues heures devant lui.
Le complément à cette scène déjà exponentielle est en fait son évolution “gothique” et basée, comme son nom l’indique sur les apparats visuels et l’androgynie affirmée : le VISUAL KEI, que nous évoquerons dans un prochain article, ici même.
Pays : Japon