Killer Instinct volume 2

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On retrouve notre duo de mangaka, Michio Yazu et Keito Aida pour le second volume de Killer Instinct. On y rencontre beaucoup des défauts déjà relevés dans le volume 1. Cependant les auteurs semblent mieux maîtriser leur univers, qui reste toutefois bancal.

Ce qui nous frustrera toujours dans Killer Instinct : les allusions répétées au personnage de Marie. C’est par moment, de manière hasardeuse, que Shinji se souvient de Marie. Nous, on l’oublie à chaque fois ; et c’est bien normal, puisqu’on n’a aucune information supplémentaire sur cette jeune femme.

Dans le manga Elfen Lied, Lynn Okamoto utilise cette stratégie, mais de manière plus efficace. Son personnage principal, Kôta, a soudainement le souvenir flou d’un personnage qui l’a traumatisé durant son enfance. Cet événement ne survient qu’une fois, puis on apprend la vérité à la fin. Pas la peine de nous rabâcher la même information tout du long !

A la tension ridicule mise en place par le biais du personnage de Marie, s’ajoute un grotesque prononcé. Par exemple lorsque Akane à a la superbe idée de boire le sperme de Shinji pour se nourrir. Le problème est le suivant : si la capacité nutritive du sperme est réelle, elle est cependant très faible. Imaginez un peu le volume de sperme nécessaire pour nourrir un être humain, un demi-litre serait le minimum vital.

Durant les scènes de fellations, les mangaka, et/ou l’éditeur japonais, ont décidé de censurer les sexes masculins. Si bien qu’on a un trait blanc à la place du pénis. Encore une technique qui nous apparaît ridicule. Si on ne souhaite pas montrer de sexe, on le cache à l’aide du hors-champ, une autre méthode consiste simplement à suggérer ou à esquisser de loin. Keito Aida avait l’occasion de faire preuve d’inventivité dans son dessin, dans le montage de ses cases, mais apparemment il n’a pas souhaité s’embêter plus que ça. Dommage !

Des éléments intéressants se dégagent néanmoins de ce deuxième volume.

Quand le passé d’un personnage est raconté, on devine alors qu’il est sur le point de mourir. C’est un moyen intelligent pour créer du suspens. On sait que tel personnage va mourir, mais lui, ne le sait pas encore : le lecteur a un coup d’avance. De plus, la tension est sauvegardée puisqu’on se demande quand même de quelle manière le personnage va bien pouvoir mourir. Cependant, il convient d’indiquer que cette technique est celle employée par Yoshiki Tonogai dans Judge.

Michio Yazu parvient tout de même à nous surprendre : il nous indique quel personnage va mourir, mais il nous cache le « comment ». Et alors qu’on a l’impression que les choses vont se calmer un peu, que la tension va redescendre et qu’un point clef de l’histoire va nous être révélé, la scène s’interrompt, provoquant une remontée accrue de la tension. Si le scénariste utilisait plus souvent ce genre d’artifice, l’histoire y gagnerait en force. On aurait enfin la sensation de faire face à un thriller psychologique plutôt qu’à un thriller-hentaï.

Tombée comme un cheveu sur la soupe une enquête policière se met en place. Elle n’est montrée qu’une fois, avant d’être totalement éclipsée. Malgré tout, cela peut- être un moyen, pour le duo Yazu/Aida, de se distinguer du style Tonogai, et d’apporter un peu de profondeur à ce manga, qui reste malheureusement bien pauvre.

Malgré tout, dans ce deuxième tome, on sent que les mangaka commencent à se faire plaisir avec leurs personnages. A tel point qu’un nouvel intérêt survient pour nous. L’important n’est plus de savoir qui va mourir, mais comment vont évoluer les relations entre les différents personnages.

Killer Instinct tome 2 de Keito Aida et Michio Yazu, sortie 2014 au Japon, édité par Futabasha Publishers. Sortie mai 2016 en France, édité par Tonkam.

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